Renoncement aux soins pour raisons financières et douleur chronique: une étude épidémiologique
prospective parmi les patients hospitalisés au centre d'évaluation et de traitement
de la douleur du CHU de Nantes - CISMeF
Renoncement aux soins pour raisons financières et douleur chronique: une étude épidémiologique
prospective parmi les patients hospitalisés au centre d'évaluation et de traitement
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Titre : Renoncement aux soins pour raisons financières et douleur chronique: une étude épidémiologique
prospective parmi les patients hospitalisés au centre d'évaluation et de traitement
de la douleur du CHU de Nantes;
Description : Introduction : Le niveau de renoncement aux soins pour raisons financières figure
parmi les indicateurs d'évaluation et de suivi des performances du système de santé
et d'assurance maladie. Selon l'ESPS de 2012, 26% des français déclaraient avoir renoncé
à des soins au cours des 12 derniers mois. La douleur chronique toucherait 8 millions
de personnes en France et représente aujourd'hui un réel enjeu de santé publique.
Le renoncement aux soins pour raisons financières a été relativement peu étudié parmi
les patients douloureux chroniques. Le but de notre étude était d'évaluer la prévalence
du renoncement aux soins pour raisons financières parmi les patients hospitalisés
au Centre d'Evaluation et de Traitement de la Douleur (CETD) du CHU de Nantes. Matériel
et Méthodes : Une étude épidémiologique, prospective, monocentrique a été menée auprès
des patients hospitalisés au CETD du CHU de Nantes entre le 1er avril et le 16 juillet
2019, par le biais d'un questionnaire anonymisé. 121 patients ont été contactés par
téléphone et 108 patients ont été sollicités pendant leur hospitalisation pour participer
à l'étude. Le score EPICES permettait d'évaluer le niveau de précarité de chaque patient.
Les comparaisons univariées ont été réalisées à l'aide de tests du ?² et du test exact
de Ficher. L'analyse multivariée reposait sur un modèle de régression logistique.
Résultats : 162 patients ont été inclus dans cette étude, dont 98 en hospitalisation
et 64 contactés par téléphone. Le motif principal de prise en charge étaient des douleurs
neuropathiques (51,9%). 46.8% des patients inclus étaient considérés en situation
de précarité selon le score EPICES. 43,8% des participants ont déclaré avoir renoncé
à des soins au cours des 12 derniers mois et 41.4% avoir renoncé à des soins pour
raisons financières. Les thérapies psychocorporelles étaient les soins auxquels les
patients avaient le plus renoncé. D'après l'analyse univariée, le sexe, l'âge, la
situation professionnelle, le type de complémentaire santé, le niveau de précarité,
la prise en charge au titre d'une ALD et le type de pathologie à l'origine du syndrome
douloureux étaient reliés de façon significative au renoncement aux soins pour raisons
financières (p 0,05). L'analyse multivariée a montré que les femmes renonçaient davantage
que les hommes (OR 0,2 IC95% [0.08-0.61]), que les patients âgés de plus de 65 ans
renonçaient moins que les autres (OR 0.12 IC95% [0.02-0.79]) et que la prise en
charge en ALD exonérante est un facteur protecteur du renoncement aux soins pour raisons
financières (OR 0.4 ; IC95% [0.16 -0.99]). L'analyse multivariée suggérait aussi
que les patients précaires renonçaient davantage que les autres (OR 5.2, IC95%
[2.0 - 13.5]), de même que les patients pris en charge pour des céphalées (OR 10,7
IC95% [2.7-43.1]) et ceux souffrant d'un syndrome fibromyalgique (OR 4,82 IC95% [1.5-15.3])
Discussion : Notre étude montre une prévalence du renoncement aux soins pour raisons
financières plus élevée qu'en population générale. Ces résultats suggèrent non seulement
une meilleure prise en compte des contraintes socio-économiques des patients par les
professionnels de santé mais également de s'intéresser au lien possiblement étroit
entre le niveau de précarité et douleur chronique.;