Description : Les troubles du comportement frontaux d’apparition tardive posent un problème diagnostique
fréquent entre une origine neurologique ou psychiatrique. La présentation comportementale
de certaines maladies neurodégénératives peut mimer des pathologies psychiatriques
primaires notamment associées à des troubles cognitifs. Le manque de marqueurs cliniques
ou paracliniques fiables pour différencier ces deux catégories diagnostiques rend
ce défi complexe. br Méthode. br Nous avons inclus des patients de plus de 40 ans
pris en charge en neurologie et/ou en psychiatrie, qui présentaient pour plainte principale
des éléments frontaux à savoir l’un des 6 critères de Rascovksy (apathie, désinhibition,
perte d’empathie, comportements stéréotypés, changements alimentaires, syndrome dysexécutif)
et pour lesquels persistaient une incertitude entre une origine neurologique ou psychiatrique.
Chaque patient participait à : (1) une consultation en binôme neurologue/psychiatre,
(2) un bilan neuropsychologique avec exploration extensive des fonctions exécutives
et de la cognition sociale, (3) des tests de créativité et de motivation et (4) un
bilan paraclinique comprenant IRM, PET-FDG et ponction lombaire si une indication
était retenue. br Résultats. br Nous avons inclus 13 patients. Les diagnostics suivants
ont été posés : origine psychiatrique pour 8 d’entre eux, origine neurodégénérative
pour 3 d’entre eux, origine mixte vasculaire et psychiatrique pour 2 d’entre eux.
Les antécédents psychiatriques, la présence d’un déficit cognitif, l’évolutivité et
l’atrophie cérébrale étaient les arguments diagnostiques prédominants. Les éléments
cliniques semblaient moins discriminants avec des résultats paradoxaux (davantage
de symptômes psychiatriques chez les patients neurologiques). Les altérations cognitives
étaient plus marquées chez les patients neurologiques et mixtes, y compris en cognition
sociale. Les tests de créativité et de motivation semblent pertinents, avec des résultats
moins bons chez les patients neurologiques. br Discussion. br Dans l’ensemble, la
réalisation du protocole s’est déroulée avec succès et une bonne acceptation de la
part des patients. Cette étude est limitée à ce stade par la taille modeste de l’échantillon
et le manque de recul temporel pour apprécier l’évolutivité de ces patients. Il est
destiné à être poursuivi afin d’affiner la décision diagnostique de ces patients et
d’obtenir un effectif suffisant pour la conduite d’analyses statistiques. br Conclusion.
br L’identification de marqueurs étiologiques fiables de ces pathologies frontières
entre la neurologie et la psychiatrie est encore complexe. La poursuite de ce protocole
permettra certainement de fournir des éléments de réponse à intégrer dans ce champ
de recherche.;