Description : En 2016, la loi dite « Claeys-Leonetti », créant de nouveaux droits aux malades et
personnes en fin de vie a été promulguée et a introduit la notion de sédation profonde
et continue maintenue jusqu’au décès (SPCMD) dans certaines conditions, notamment
d’être mise en œuvre à la demande du patient, s’il est atteint d’une affection incurable,
avec une souffrance réfractaire et un pronostic vital engagé à court terme. Par ailleurs,
en oncologie, les médecins sont très souvent confrontés à la prise en charge de la
fin de vie de leurs patients qui sont la plupart du temps, capables d’exprimer leurs
volontés. Notre étude s’intéresse à l’information donnée aux patients par les médecins,
en oncologie, sur la possibilité éventuelle d’une sédation profonde et continue maintenue
jusqu’au décès, dans certaines conditions. L’hypothèse princeps de ce travail est
que les médecins oncologues et de soins palliatifs donnent rarement l’information
au patient sur la possibilité de SPCMD. Une recherche qualitative, par entretiens
semi-dirigés d’oncologues et de médecins de soins palliatifs a été conduite entre
janvier et mars 2019. Afin de capter une variété de pratiques suffisamment importantes,
des médecins de différents types de centres ont été interrogés (CHU, centre de lutte
contre le cancer, centre à but lucratif, centre hospitalier à but non lucratif). Vingt-quatre
médecins ont été sollicités par mail, cinq n’ont pas répondu au mail. Au total, treize
médecins ont pu être interrogés, dont dix oncologues et trois médecins d’équipe mobile
de soins palliatifs. Cette enquête montre que selon les médecins, l’information donnée
au patient sur la possibilité d’une SPCMD est perçue différemment. Pour la grande
majorité, l’information sur la SPCMD devrait concerner une minorité de patients et
c’est au médecin d’évaluer la pertinence ou non de donner cette information. D’autres
pensent que l’information sur la SPCMD devrait être plus large et être donnée de façon
systématique, claire, loyale et appropriée à tous les patients avec un cancer incurable,
pour que ces derniers puissent décider d’y avoir recours ou non, si les conditions
de la loi sont respectées. La plupart des médecins indiquent que donner cette information
de manière anticipée par rapport à la souffrance dite « réfractaire » serait à privilégier.;