Pertinence méthodologique et éthique du groupe placebo dans les essais contrôlés randomisés
évaluant un traitement systémique dans le psoriasis en plaque modéré à sévère - CISMeF
Pertinence méthodologique et éthique du groupe placebo dans les essais contrôlés randomisés
évaluant un traitement systémique dans le psoriasis en plaque modéré à sévèreDocument
Titre : Pertinence méthodologique et éthique du groupe placebo dans les essais contrôlés randomisés
évaluant un traitement systémique dans le psoriasis en plaque modéré à sévère;
Description : Le psoriasis est une maladie cutanée inflammatoire chronique fréquente. L’identification
de nouvelles voies immunitaires a permis le développement depuis les années 2000 de
15 nouvelles molécules pour la prise en charge du psoriasis en plaques modéré à sévère.
Une revue Cochrane et méta-analyse en réseau (MAR) du psoriasis en plaques modéré
à sévère a synthétisé les résultats des essais contrôlés randomisés (ECRs) évaluant
des traitements systémiques. Cette revue a mis en évidence que la grande majorité
des essais inclus (97/140, 69%) avaient le groupe placebo comme comparateur, alors
que des traitements efficaces étaient disponibles. L’objectif de ce travail de thèse
était de (1) caractériser l’évolution dans le temps de l’utilisation du groupe placebo
(PBO) dans les ECRs comme comparateur, (2) d’évaluer la réponse dans le groupe PBO
et (3) la nature des évènements indésirables observés chez les participants inclus
dans ce même groupe. La source de données des travaux de la thèse était les ECRs de
la revue systématique Cochrane et MAR du psoriasis. Dans un premier temps, nous avons
montré, par une régression linéaire, une diminution non-significative entre 2004 et
2019 de la proportion de participants randomisés dans le groupe PBO (coefficient par
an [95%IC] -0,007 [-0,020-0,004];p 0,211). La proportion de la contribution des ECRs
avec un groupe PBO dans les estimations des résultats des MAR diminuait au cours du
temps passant de 100% de contributions en 2004, 86% en 2008 à 75% en 2019. Cependant
la contribution des études sans groupe PBO dans les estimations des MARs restaient
faibles (de 0% en 2004 à 25% en 2019). Deuxièmement, nous avons réalisé une méta-analyse
de prévalence des proportions de participants du groupe PBO atteignant un PASI90 et
un PASI75 i.e. une réponse clinique de 90/75% d’amélioration par rapport à l’état
de base. Les réponses dans le groupe PBO étaient de 1% (IC à 95% 1-2) pour le PASI90
et 5% (IC à 95% 4-6) pour le PASI75. Il n’y avait pas d’hétérogénéité entre les ECRs
pour le PASI90. Enfin, nous avons montré que l'inclusion des cas d'aggravation du
psoriasis dans la méta-analyse des évènements indésirables graves (EIGs) comparant
un traitement biologique au PBO masquait le sur-risque d'EIGs dans le groupe de traitement.
Nous avons pu ainsi confirmé que la proportion de participants inclus dans le groupe
PBO diminuait peu malgré la multiplication des traitements disponibles efficaces,
que l’utilisation d’un groupe PBO dans le psoriasis modéré à sévère ne se justifiait
pas par une fluctuation de la réponse dans le groupe PBO en lien avec l’évolution
naturelle de la maladie et que l’inclusion dans le groupe PBO des cas d'aggravation
du psoriasis était associée à un risque plus élevé de développer un psoriasis suffisamment
grave pour être considéré comme un EIG. Ces trois études ont mis en évidence que les
conditions éthiques de l’utilisation du groupe PBO dans les ECRs évaluant de nouveaux
traitements étaient discutables et questionnaient la justification d’un groupe PBO
en dehors des essais princeps.;