Description : En France, le cannabis est la substance psychoactive illicite la plus consommée. Il
est responsable de nombreuses conséquences somatiques, psychiatriques et sociales.
Au-delà des impacts de la consommation de cannabis seule, une part importante de ces
patients présente un autre trouble de l’usage. La fréquence de la poly-consommation
et la morbidité qui lui est associée posent question sur la façon de prendre en charge
de manière optimale ces patients. Le médecin généraliste étant au centre du dispositif
de soin, son implication dans cette prise en charge paraît essentielle. L’objectif
principal de notre étude était d’explorer les attentes des patients poly-consommateurs
envers leur médecin généraliste, sur la prise en charge de leur trouble de l’usage
du cannabis. Méthode : nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-dirigés
auprès d’usagers de cannabis poly-consommateurs. À partir des données recueillies,
une analyse thématique a été effectuée. Résultats : au total, dix entretiens ont été
conduits. L’information, l’orientation et le suivi sur le long terme sont au cœur
des attentes des usagers. L’écoute, la bienveillance et l’absence de jugement sont
également fondamentaux à une prise en charge de qualité en médecine générale. Le manque
d’empathie, les consultations trop courtes et les préjugés envers le médecin généraliste
sont autant de freins compliquant la discussion en cabinet. Au contraire, le secret
médical et une relation de confiance bien établie rendent le patient plus accessible
à l’abord des consommations. Conclusion : la complexité de la poly-consommation réside
dans la variabilité des objectifs et des attentes des consommateurs. Cette étude nous
montre que la prise en charge en médecine générale est possible et souhaitée par les
usagers. À travers le repérage des consommations, l’intervention brève, l’orientation
vers d’autres professionnels et le suivi à long terme, le médecin généraliste a un
rôle décisif à jouer. Le développement de la formation, la coordination pluriprofessionnelle
et la création d’une cotation dédiée pourrait permettre d’améliorer le soin en addictologie.;