Evaluation de la santé mentale et des conditions de travail des salariés en contact
avec le public durant la première phase de l'épidémie de Covid-19: étude dans les
secteurs de la police nationale, de l’aide à domicile et du commerce alimentaire - CISMeF
Evaluation de la santé mentale et des conditions de travail des salariés en contact
avec le public durant la première phase de l'épidémie de Covid-19: étude dans les
secteurs de la police nationale, de l’aide à domicile et du commerce alimentaireDocument
Titre : Evaluation de la santé mentale et des conditions de travail des salariés en contact
avec le public durant la première phase de l'épidémie de Covid-19: étude dans les
secteurs de la police nationale, de l’aide à domicile et du commerce alimentaire;
Description : Cette étude s’intéresse aux salariés ayant continué à travailler durant la première
phase de l’épidémie de Covid-19 en France dans des secteurs en contact avec le public
: commerces alimentaires, police nationale et aide à domicile. L’hypothèse de ce travail
est que différents niveaux d’altération de la santé mentale peuvent être observés
selon le secteur d’activité professionnelle et que cet impact sur la santé mentale
peut être expliqué par des facteurs professionnels. Une étude observationnelle transversale
multicentrique a été réalisée entre le 18 juin et le 09 septembre 2020 dans les départements
du Bas-Rhin (67) et de l’Hérault (34). Les salariés ont répondu à un auto-questionnaire
en ligne composé spécialement pour l’étude portant sur leurs conditions de travail
et sur leur santé mentale (échelle GAD-7 pour l’anxiété, PHQ-9 pour la dépression
et échelle de centralité des évènements). 877 réponses ont été incluses : 54 pour
le secteur du commerce, 141 pour l’aide à domicile, 384 pour la police nationale du
67 et 298 pour la police nationale du 34. On constate un taux de 12,4 % d’anxiété,
16,1 % de dépression et 72,5 % de troubles du sommeil. Les niveaux d’altération sont
différents selon les secteurs. Les taux d’anxiété et de dépression sont respectivement
de 16,3 % et 24,1 % pour les aides à domicile ; 8,6 % et 16,1 % pour la police 67
; 15,1 % et 17,5 % pour la police 34 ; 14,8 % et 18,5 % pour les salariés du commerce.
Le score de la centralité de cet évènement est significativement plus important pour
les aides à domicile. Concernant les conditions de travail, 38,2 % ont vu leur activité
modifiée, 74,4 % ont été confrontés à des modifications de planning et 20,1 % ont
subi une augmentation de leur temps de travail. Les aides à domicile et les policiers
étaient plus concernés par les modifications de planning, et les salariés du commerce
par l’augmentation du temps de travail. L’hygiène des mains est accessible pour 97
%, la désinfection des surfaces pour 70 % et la distanciation sociale pour 47 %. 93
% avaient des EPI avec des différences selon le secteur d’activité : plus de 90 %
de masques chirurgicaux pour le personnel du commerce et les aides à domicile, 60-65
% pour la police. L’analyse en régression logistique binaire révèle les facteurs professionnels
suivants : un niveau d’exposition fort à la Covid-19 (OR 2,57 [1,31 – 5,04] pour l’anxiété
; OR 1,71 [1,01 – 2,92] pour la dépression), le soutien de la hiérarchie (OR 0,57
[0,33– 0,96] pour l’anxiété ; OR 0,54 [0,33 – 0,87] pour la dépression ; OR 0,65 [0,43
– 0,97] pour les troubles du sommeil) et le soutien des collègues (OR 0,51 [0,30 –
0,86] pour l’anxiété). Les secteurs d’activité ne sont pas identifiés dans l’analyse
multivariée comme facteur de risque significatif, les différences d’altération de
la santé mentale sont plutôt en lien avec les caractéristiques des populations (âge,
sexe, antécédents psychiatriques, etc.). En dépit des limites de cette étude, les
résultats concernant l’évolution des conditions de travail sont intéressants à prendre
en compte ainsi que les facteurs professionnels en lien avec l’altération de la santé
mentale afin de permettre une amélioration du bien-être des salariés. Un suivi longitudinal
de la santé mentale des travailleurs serait intéressant à initier durant et à la suite
de cette crise sanitaire.;