Description : La réalité virtuelle est de plus en plus utilisée dans le soin psychique. Ce travail
interroge la pertinence et l'intérêt d'utiliser cette technologie comme médiation
thérapeutique auprès de personnes âgées qui vivent en institution. Dans cette perspective,
nous avons élaboré un dispositif à médiation en enregistrant des vidéos à 360 de
différents lieux. Les participants les ont observées à travers un casque de réalité
virtuelle lors de séances individuelles réalisées en EHPAD. L'analyse de dix cas cliniques
selon une lecture psychanalytique a permis d'élaborer une théorie du dispositif de
réalité virtuelle. Le casque de réalité virtuelle apparaît comme un « attracteur »
du transfert susceptible de faciliter l'expression de la demande des patients et leur
engagement dans la thérapie. L'absence de contact visuel pendant l'observation de
l'environnement virtuel favoriserait l'associativité et les processus de régrédience
chez le patient et le thérapeute. Ils pourraient se livrer à une activité de rêverie
partagée qui imprègne la relation transférentielle. Le retrait du casque s'apparenterait
ensuite au réveil d'un rêve. Le contenu onirique qui provient de cette expérience
deviendrait alors un matériel d'élaboration après-coup. L'observation des participants
se trouverait « déformée » par la recombinaison du souvenir de l'environnement virtuel
avec des éléments préconscients en attente d'un support favorable à leur manifestation.
Nous proposons également une analyse des processus psychiques associés à la réalité
virtuelle. Deux positions sont principalement observées. La première se manifeste
par un affect trop intense associé à l'absence d'accès à la transitionnalité. La charge
hallucinatoire du dispositif se déploierait alors directement sur l'environnement
virtuel sous la forme d'une hallucination. Dans ce cas, les éléments traumatiques
infiltreraient la perception extérieure à travers des réminiscences ecmnésiques et
des processus de l'ordre de l'hallucinose. Dans la seconde position, où l'expérience
de la réalité virtuelle n'est pas trop effractante, la possibilité d'un étayage transitionnel
suffisant ouvrirait l'accès à l'aire transitionnelle. La charge hallucinatoire y serait
accueillie et mise au travail par la formation d'une boucle contenant-contenu qui
favoriserait la production figurative de l'expérience et la relance du processus de
symbolisation. Ces différents éléments soulignent l'intérêt clinique d'utiliser la
réalité virtuelle comme médiation thérapeutique auprès des personnes âgées qui vivent
en institution.;