Description : Introduction : le nombre de demandeurs d’asile ne cessent d’augmenter ces dernières
années en France. Ces sujets ont été exposés à des traumatismes multiples que ce soit
dans leur pays d’origine ou durant leur parcours migratoire. Arrivés en terre d’exil,
les conditions d’accueil sont précaires. L’avenir est encore incertain en France,
et il faut justifier auprès des autorités administratives la légitimité de la demande.
L’ensemble de ces épreuves laissent présager un état de santé fragilisé des demandeurs
d’asile nécessitant une prise en charge médicale adaptée. Le médecin généraliste,
acteur central des soins primaires se retrouve confronté à la complexité de cette
population singulière. L’objectif de ce travail est d’explorer les représentations
des soins primaires des demandeurs d’asile et d’étudier les éléments déterminant leur
parcours de soins. Matériel et Méthode : cette recherche a fait l’objet d’une étude
qualitative. Des entretiens individuels semi-dirigés ont été effectués par les deux
chercheurs, auprès de demandeurs d’asile recrutés à Marseille. Un guide d’entretien
qualitatif a aidé à la réalisation des interviews. Une analyse de contenu inductive
a été menée. Le double codage des données a permis une triangulation de l’analyse.
Résultats : 10 entretiens ont été retenus pour l’analyse. Les patients recrutés étaient
diversifiés sur l’âge, le sexe, le pays d’origine, l’ancienneté de la demande d’asile
et le type de logement. Une flambée des symptômes psychiques et physiques est constatée
en France entrainant une altération de la santé. La verbalisation des souffrances
ressenties auprès du médecin généraliste semble nécessaire pour reconnaître les maux
et tenter de les apaiser. Le parcours de soins est façonné par les conditions précaires
et le sentiment d’illégitimité. L’orientation par un tissu social spécifique est un
élément favorisant l’accroche aux soins. Les compétences relationnelles du médecin
sont attendues par le demandeur d’asile telles que l’écoute, l’empathie, la bienveillance,
la disponibilité. L’instauration d’un cadre sécurisant et la relation de confiance
auprès du médecin sont appréciées. Conclusion : les demandeurs d’asile rapportent
une santé fragilisée du fait d’un parcours de vie extrêmement douloureux. Les conditions
sociales et le statut administratif ne facilitent pas le soin de ce corps traumatisé.
L’orientation initiale vers un médecin généraliste susceptible d’apporter de la bienveillance
est alors appréciée pour retrouver de la dignité. Afin d’améliorer les soins primaires
de cette population vulnérable, le médecin généraliste doit s’appuyer sur une approche
centrée patient en intégrant une prise en charge médico-sociale;