Description : L’estime de soi est définie par le « sentiment que chacun a de sa propre valeur ».
Elle se construit dans l’enfance puis évolue avec l’environnement social et les évènements
de vie. Les études universitaires correspondent généralement à la période de jeune
adulte et constitue une période développementale particulière en raison des modifications
de l’environnement social et des problèmes fréquents de santé mentale et de consommation
de substances. C’est aussi une période de vulnérabilité pour l’estime de soi. Les
études universitaires pourraient donc représenter une période intéressante pour investiguer
les liens spécifiques entre l’estime de soi et la santé. Cette thèse d’université
avait pour objectif de mener des études épidémiologiques afin d’estimer les liens
entre l’estime de soi et les comportements liés à la santé, la santé physique et la
santé mentale chez des étudiants à l’université.Tout d’abord, une revue systématique
de la littérature a permis de synthétiser les données empiriques sur les relations
entre l’estime de soi et les comportements liés à la santé (i.e. consommation de substances,
comportement sexuel, activité physique et nutrition). Une haute estime de soi était
associée à une activité physique plus élevée et moins de comportements extrêmes liés
à la santé (consommation extrême d’alcool, utilisation de préservatifs). Cependant,
des résultats mixtes concernant la consommation d’alcool et nombre de partenaires
sexuels et un manque de recherche pour la consommation de tabac, de drogues et la
nutrition ont été mis en évidence. Ensuite, deux études ont été menées sur un sous-échantillon
de la cohorte i-Share ; une étude française prospective longitudinale suivant près
de 15000 volontaires étudiants à l’université depuis 2013. Ainsi, la deuxième étude
de cette thèse avait pour objectif d’estimer l’association entre l’estime de soi et
la santé perçue par l’étudiant un an après. Sur les 1011 participants inclus dans
l’étude, 20% déclaraient avoir une santé moyenne ou mauvaise. Les étudiants avec une
estime de soi plus élevée avaient une probabilité plus importante d’avoir une meilleure
perception de leur santé (Rapport de côtes 1,4, intervalle de confiance à 95% 1,2
à 1,7). Une troisième étude avait pour objectif d’investiguer le rôle de médiateur
de l’estime de soi dans le lien entre les symptômes du TDA/H et les pensées suicidaires.
Parmi les 2631 participants inclus dans l’étude, 17% avaient déclaré avoir eu des
pensées suicidaires lors du suivi à un an. Les symptômes du TDA/H étaient associés
aux pensées suicidaires (béta 0,2, intervalle de confiance à 95% 0,1 à 0,2). L’estime
de soi médiait 44% de l’effet total et était impliquée dans 60% de l’effet total quand
la dépression était également médiateur.L’estime de soi est un facteur d’intérêt dans
le cadre de la santé des jeunes et des recherches interventionnelles pourraient cibler
ce facteur psychologique. D’autre part, le concept d’estime de soi étant complexe
et la population d’étude étant spécifique, des recherches pourraient être menées afin
de confirmer ces résultats avec des échelles de mesure de l’estime de soi différentes
(notamment pour capter l’aspect multidimensionnel) et sur des populations représentatives.;