Description : En 2007, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le “travail
de nuit entrainant une perturbation du rythme circadien” comme probablement cancérogène
pour l'homme (groupe 2A) sur la base de preuves suffisantes chez l’animal mais limitées
chez l'Homme. A ce jour, peu d’études se sont intéressées au rôle du travail de nuit
et des gènes de l’horloge dans la survenue du cancer de la prostate. Dans ce contexte,
nous avons étudié le rôle du travail de nuit, des gènes circadiens ainsi que leurs
interactions dans le risque de cancer de la prostate, à partir des données d’EPICAP,
étude cas-témoins réalisée en population générale), incluant 819 cas et 879 témoins.
Un questionnaire standardisé a permis de recueillir des informations détaillées sur
le travail de nuit, qu’il soit fixe ou rotatif. La réalisation d’un prélèvement biologique
a permis un génotypage de l’ADN pour l’étude des gènes de l’horloge. Globalement,
nous n’avons pas mis en évidence d’association entre le travail de nuit et le cancer
de la prostate quelle que soit l'agressivité du cancer de la prostate, alors que
nous avons observé une augmentation du risque chez les hommes ayant un chronotype
du soir. Une durée d’exposition d’au moins 20 ans au travail de nuit fixe associée
au cancer de la prostate agressif et de manière plus prononcée en combinaison avec
des nuits de longue durée (en moyenne de plus de 10 heures par nuit) ou avec un nombre
maximal de nuits consécutives supérieur à 6. Nous avons observé une association significative
avec le cancer de la prostate pour les gènes NPAS2 et PER1, alors que seul le gène
RORA était significatif pour les cancers agressifs. L’analyse de l’interaction entre
les gènes de l’horloge et le travail de nuit dans le risque de survenue de cancer
de la prostate a révélé des interactions significatives avec les gènes RBX1, CRY1,
NPAS2 et PRKAG2. Les résultats de notre étude renforcent l'hypothèse d'un lien entre
le travail de nuit en tant que facteur de perturbation du rythme circadien et le
risque de cancer de la prostate et fournissent également de nouvelles preuves d'un
lien potentiel avec les variants des gènes de l’horloge. Ces résultats, pourraient
contribuer à l’identification de nouveaux facteurs de risque modifiables pour le cancer
de la prostate pouvant être accessibles à la prévention. Des recherches plus approfondies
aideront à mieux cerner les mécanismes biologiques impliquant les gènes circadiens
dans le développement du cancer de la prostate ainsi que leurs interactions avec le
travail de nuit.;