Description : La mort choisie pour raison psychique ou existentielle : de l'autodétermination à
la rencontre éthiqueLes débats passionnés sur l'euthanasie et le suicide assisté sont
d'actualité en Europe.L'expérience des pays voisins, notamment la Belgique et les
Pays-Bas, montre qu'une loi sur l'euthanasie ou l'aide médicale au suicide permet,
que l'on s'en défende ou que cela n'ait pas été initialement souhaité, l'ouverture
de l'aide active à mourir aux personnes souffrant de troubles psychiques ou pour raisons
existentielles.Un tel élargissement soulève des questions sociétales, cliniques et
éthiques.Cette loi ne peut s'implanter que dans une société où se transforment les
attitudes face à la mort et la façon dont on conçoit sa propre mort. Avec la transgression
des tabous sociétaux et déontologiques, dans ce qui sera une rupture anthropologique
sociétale sans précédent, à qui appartiendra la mort, à la société, au citoyen ou
au médecin ?D'un point de vue clinique, se pose la question de comment concilier de
telles demandes d'aide à mourir avec la prévention du suicide, d'autant plus qu'existe
indubitablement une grande proximité clinique entre les patients suicidaires et les
personnes en demande d'aide active à mourir pour raison psychique. Comment évaluer
une souffrance psychologique profondément subjective ? Comment résoudre la question
de l'évaluation du discernement souvent altéré par les troubles psychiques ? Quelle
place accorder à la psychiatrie face aux troubles mentaux graves et persistants ?
Et surtout, de telles questions délicates impactent fortement la prise en charge de
personnes particulièrement vulnérables à un moment crucial où la psychiatrie aborde
une crise structurelle majeure. Une loi sur l'aide active à mourir effectivement promulguée
ouvrira la porte à un profond changement de paradigme dans la relation médecin-patient,
pour laquelle une lecture éthique s'avèrera indispensable.;