Description : La prévalence des victimes de violences conjugales dans la population française est
difficile à estimer et varie de 1% à 26% selon les modalités de détection utilisées.
Une partie de ces victimes consulte dans les services d'urgences et malgré les recommandations
insistant sur la nécessaire détection systématique des violences, il est probable
qu'un certain nombre d'entre elles ne soient pas identifiées par les équipes soignantes.
Notre objectif était d'évaluer aux urgences l’acceptabilité par les patients de la
détection systématique des violences conjugales par le recours à un auto-questionnaire.
Nous avons conduit une étude observationnelle prospective multicentrique dans trois
services d'urgences hospitalo-universitaires parisiens sur une période de trois jours
consécutifs. Un autoquestionnaire portant sur la question des violences conjugales
était distribué à tous les patients inclus aux urgences. Le critère de jugement principal
était l'acceptabilité du questionnaire par les patients, définie par la proportion
de réponses à l’auto-questionnaire parmi le nombre total de questionnaires rendus.
Les critères de jugement secondaires étaient le niveau de confort des patients et
des soignants vis-à-vis de la distribution systématique de l'auto-questionnaire, la
prévalence des situations de violences conjugales parmi les patients ayant répondu
au questionnaire, ainsi que la faisabilité de ce mode de détection systématique aux
urgences. Cette dernière était définie par la proportion de questionnaires distribués
durant la période d’inclusion. Parmi les 1506 patients ayant consulté aux urgences
durant la période d'inclusion, 165 (11%) ont répondu au questionnaire parmi lesquels
11% d'entre eux ont été identifiés comme étant victimes de violences conjugales. Le
taux d’acceptabilité du questionnaire par les patients était de 74% et 93% des questionnaires
rendus étaient complets. Le taux de remise des questionnaires était faible et les
soignants semblaient peu confortables avec la thématique des violences conjugales.
Ainsi, la distribution systématique d’un questionnaire par l’Infirmier d’Accueil et
d’Orientation aux urgences apparait difficilement faisable en pratique. Il apparait
nécessaire de former davantage les soignants à la détection systématique des violences
conjugales via d’autres modes de détection et notamment par un questionnement simple
à l’oral lors de l’interrogatoire par le médecin.;