Description : Contexte : L’insuffisance cardiaque (IC) est une pathologie fréquente qui affecte
le quotidien de millions de patients. L’éducation thérapeutique (ETP) vise à améliorer
l’auto-soin et l’autogestion des patients, pour améliorer leur qualité de vie. Elle
a été intégrée dans les recommandations internationales et s’inscrit dans des programmes
agréés par l’Agence Régionale de Santé (ARS), principalement développés en milieu
hospitalier. L’ETP du patient IC en soins primaires, pourtant majoritaire, demeure
sous-exploitée. L’étude porte sur l’expérience et les représentations du médecin généraliste
dans l’accompagnement du patient IC pour en étudier les trajectoires d’intégration
pérenne en soins de premier recours. Méthode : L’étude qualitative a été menée auprès
de 15 médecins généralistes de Seclin et ses environs entre mai 2020 et avril 2021.
Des entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisés puis encodés. Les données
ont été analysées par deux chercheurs, parallèlement au recueil, selon la méthode
de la théorisation ancrée. Résultats : Les représentations des médecins généralistes
sont en harmonie avec les principes de l’ETP. Celle-ci s’insère dans un continuum
d’éducation pour la santé. Elle se traduit principalement par l’information, l’accompagnement
dans le changement comportemental et l’acceptation de la maladie. Le médecin généraliste
a un rôle privilégié, il adapte l’éducation dans une démarche personnalisée. Le respect
de l’autonomie du patient est une thématique centrale dans l’ETP. Malgré l’ancrage
au modèle biomédical, les praticiens portent leur attention sur la dimension psychologique
du patient. Les freins à l’ETP en IC sont en lien avec le temps et la charge de travail
du médecin. Du côté du patient, le déni et le manque de motivation limitent son «
éducabilité ». Le réseau pluridisciplinaire permet de relayer l’ETP en collaborant
avec le généraliste. Conclusion : L’ETP en IC est une pratique instinctive pour le
médecin généraliste, mais elle nécessite plus de formation pour rassurer sa pratique,
faire cohabiter le rôle médical et pédagogique du praticien. Une valorisation devrait
être envisagée pour son développement en soins primaires. La collaboration des acteurs
doit être promue de manière pluridisciplinaire et interprofessionnelle.;