Description : L'aménorrhée contraceptive permet d'envisager et d'intégrer le choix des règles en
contraception. Ceci est d'autant plus intéressant que l'inconfort menstruel est un
motif fréquent de consultation. C'est un sujet d'actualité, avec l'arrivée de contraceptifs
dédiés à cet usage et répond également à un souhait croissant des femmes d'espacer
leurs menstruations pour des raisons médicales ou de confort. Pourtant, les études
internationales montrent que peu de femmes se sont déjà vu proposer ces schémas, alors
que les médecins étaient informés de cette possibilité. Le choix des règles en contraception
semblent donc être dépendant de l'attitude du médecin envers l'aménorrhée contraceptive.
Quels sont les facteurs pouvant influencer leur proposition de prescription ? Matériel
et méthodes : c'est une étude qualitative de type théorisation ancrée. Les participants
ont été recrutés auprès des médecins généralistes du département audois avec réalisation
d'entretiens semi-dirigés basés sur un guide d'entretien. Résultats : les praticiens
comprennent les bénéfices qu'apporte le choix des règles, mais tous n'en font pas
une priorité. La pratique était dépendante de la représentation des médecins sur les
règles et sur l'aménorrhée, oscillant entre science, croyances populaires et débats
de société. Les habitudes de pratique impactaient la décision, faisant des progestatifs
une référence malgré un profil imparfait et des œstro-progestatifs une forme de confort
ponctuel. Les croyances du praticien, l'absence de gestes techniques et un manque
de références claires s'avèrent être des freins à la proposition d'une aménorrhée.
La proposition dépendait également de la perception qu'avait le médecin du vécu, des
connaissances et des représentations de sa patiente à ce sujet. Certains associaient
à l'aménorrhée contraceptive une notion de liberté et une volonté de rendre la patiente
actrice de sa contraception. Ils développaient une approche centrée patiente pour
faire face aux différents freins, avec la réalisation d'une éducation pour la santé,
favorisant l'essai d'une contraception sans règles, ce qui s'avère être un facteur
de satisfaction et d'adhésion auprès des femmes. Conclusion : l'aménorrhée contraceptive
place le praticien entre un choix de pratique, avec l'intégration du choix des règles,
et de thérapeutique, par le choix d'un contraceptif. Il bénéficie d'une liberté de
prescription qui va être influencée par sa patiente (vécu, connaissances, milieu socio-culturel,
…), par sa propre condition en tant qu'expert (connaissances, habitudes de pratique,
recommandations) et en tant qu'individu (croyances, expériences personnelles) ainsi
que par des facteurs externes (temps de consultation, territoire d'exercice).;