Description : Introduction : le gut feeling est une expérience de prise de conscience de sa manière
de raisonner en médecine. En tant que telle, c’est une expérience métacognitive qui
concoure à la remise en question des automatismes de pensée. Le système 3 ou cerveau
exécutif est responsable de cette activité dite de flexibilité cognitive. Elle est
représentée par la séquence suivante : douter, anticiper le regret d’un automatisme
inadapté et l’inhiber si nécessaire. C’est donc la relation à l’autre et les émotions
morales qui soutiennent cette activité. Or celles-ci doivent nécessairement s’exprimer
dans la relation soignante. Notre travail étudie la relation entre le soin et le gut
feeling. Le gut feeling peut-il valoriser le soin ? Matériel et méthode : cette recherche
a fait l’objet d’une étude qualitative. Les critères COREQ ont accompagné sa réalisation.
Un groupe focus et des entretiens individuels semi-dirigés ont été réalisé. Un guide
d’entretien a facilité les échanges. Un double codage a été réalisé et a participé
à la triangulation des données. L’interprétation a suivi le modèle de théorisation
ancrée. Résultats : un groups focus et neuf entretiens semi-dirigés ont été retenu
pour l’analyse. Certaines descriptions ont confirmé les caractéristiques connues du
gut feeling. L’arbre de codage a ensuite présenté la dichotomie suivante. D’un côté
les qualités nécessaires à l’aptitude du gut feeling telles que l’écoute, l’empathie
ainsi que des qualités de synthèse centrée sur le patient. De l’autre l’usage rapporté
du gut feeling : la remise en question d’automatismes potentiellement dangereux et
l’autoréflexion à froid sur sa pratique. Conclusions : les qualités rapportées par
les médecins considérées comme responsables du gut feeling correspondent aux qualités
de l’activité soignante telle qu’elle est présentée dans le modèle d’Approche centrée
sur le patient. Le soin est donc le cadre nécessaire à l’expression du gut feeling.
Par ailleurs comme expression de résistance et de flexibilité cognitive, le gut feeling
participe d’une meilleure réflexion et d’une décision plus juste. Il soutient aussi
la réflexion à froid sur sa pratique personnelle. Le gut feeling concourt donc à une
valorisation globale du soin.;