Description : L'objectif principal de cette étude était d'évaluer l'association entre littératie
en santé, communication avec l'équipe soignante et dépression cinq ans après le diagnostic
chez des femmes ayant eu un cancer du sein. Une analyse de l'étude prospective nationale
VICAN incluant 2 enquêtes téléphoniques à 2 et 5 ans du diagnostic de cancer a été
réalisée. L'étude VICAN (Vie après le cancer) a été réalisée en France métropolitaine
auprès des personnes volontaires âgées de 18 à 82 ans et ayant eu un cancer diagnostiqué
entre janvier et juin 2010. Les femmes ayant eu un cancer du sein et ayant participé
à VICAN 2 et 5 ont été incluses dans notre analyse. Dans cette étude, 665 patientes
ont été incluses. Parmi elles, 115 (17,4%) présentaient un syndrome dépressif cinq
ans après le diagnostic et 524 (79,8%) montraient un niveau de littératie en santé
adéquat. Pour déterminer la communication avec l'équipe soignante, trois profils latents
ont été retenus. Dans le premier profil (50,8% des patientes), les patientes n'avaient
aucun problème de communication avec l'équipe soignante. Dans le 2e profil (30,7%
des patientes), les patientes avaient été informées, mais avaient rencontré des difficultés
de communication. Dans le 3e profil (18,5% des patientes), les patientes avaient reçu
moins d'informations et avaient quelques problèmes de communication. Dans une analyse
multivariée, le risque de dépression était diminué chez les patientes ayant un niveau
de littératie adéquat (aOR 0,6, IC95% 0,4-0,9). Il était augmenté de façon significative
chez les patientes du 2e profil par rapport au 1er profil (aOR 2,8, IC95% 1,8-4,5)
et de façon non significative chez les patientes du 3e profil par rapport au 1er (aOR
1,6, IC95% 0,9-2,8). Il ressort qu'un faible niveau de littératie en santé et des
difficultés de communication avec l'équipe soignante pourraient augmenter le risque
de dépression chez des femmes ayant un cancer du sein. A l'issue de cette étude, l'une
des pistes serait de réfléchir à des méthodes concrètes permettant à ces patientes
à la littératie en santé inadéquate d'être soutenues de manière adaptée, de telle
sorte qu'elles puissent se saisir et intégrer les différentes informations données,
voire prendre une part plus active aux décisions médicales. Ainsi, en prenant mieux
en compte les besoins de ces patientes, elles trouveraient une réponse à leur besoin
d'aide et le risque de symptômes dépressifs pourrait être réduit;