Description : Contexte. La prévalence des troubles psychiatriques est élevée dans les prisons françaises.
Pourtant, l’efficience des dispositifs de soins en place (unités sanitaires en milieu
pénitentiaire (USMP), services médico-psychologiques régionaux (SMPR) et unités d’hospitalisation
spécialement aménagées (UHSA)) est peu étudiée. L’objectif de cette thèse est d’évaluer,
dans les 20 prisons du Nord de la France (Hauts-de-France, Eure, Seine-Maritime),
l’organisation des soins psychiatriques en matière d’offre et de recours, ainsi que
leur adéquation aux besoins des personnes incarcérées. Méthode. Nous avons réalisé
une étude descriptive à partir de bases médico-administratives et de résultats d’enquête.
Les données suivantes ont été collectées, pour chaque établissement pénitentiaire,
pour l’année 2016 : 1) effectifs et taux d’occupation des postes pour les professionnels
de la santé mentale, 2) taux d’hospitalisation en psychiatrie (UHSA ou secteur de
psychiatrie générale), 3) données relatives à la santé mentale des personnes détenues
(issues de l’enquête « santé en population carcérale » réalisée entre 2014 et 2017
dans 8 maisons d’arrêt du Nord et du Pas-de-Calais) et 4) taux de suicide (données
de l’administration pénitentiaire). Résultats. L’offre de soins est incomplète et
inégale selon les prisons : 40% des postes de psychiatres ne sont pas pourvus dans
les USMP étudiées. L’accès à l’UHSA varie considérablement selon l’établissement d’origine
: logiquement, plus celui-ci est éloigné de l’UHSA, moins les personnes incarcérées
y sont hospitalisées. La prévalence des troubles psychiatriques est importante au
sein des maisons d’arrêt étudiées : en moyenne, les personnes détenues souffrent d’au
moins 1 trouble psychiatrique à leur arrivée en détention. La demande est en adéquation
avec l’offre de soins : il existe une corrélation positive entre le nombre moyen de
troubles par personne et 1) le taux de soignant(e)s, 2) le taux d’hospitalisation
en psychiatrie. Soixante-huit suicides ont été enregistrés entre 2013 et 2016 et le
taux moyen de suicide dans les prisons du Nord de la France est de 210 pour 100 000,
suggérant une mortalité par suicide importante dans cette région. Conclusion. Malgré
les avancées qu’a permis la création des UHSA, l’accès aux soins reste problématique,
étant donné l’éloignement géographique de certains établissements, le nombre de places
limité en UHSA, les effectifs médicaux insuffisants dans les USMP.;