Description : Introduction : La souffrance au travail est un mal-être complexe mobilisant de nombreux
intervenants. Le parcours de soins des patients est peu structuré. Le but de cette
étude était d’identifier le rôle attribué au médecin généraliste (MG) par les patients
lorsqu’ils le consultent en première intention. Méthode : Nous avons mené une étude
qualitative sur la base de trois récits de vie afin d’explorer en profondeur le phénomène
et d’obtenir des éléments de compréhension nouveaux quant aux processus à l’œuvre
dans la formation et la gestion de la souffrance au travail. Résultats : Les sujets
connaissaient un mal-être intense du fait d’un emploi et d’une situation psychosociale
propres. Les situations et la souffrance au travail rencontrées rejoignaient le concept
des facteurs de risque psychosociaux et du burnout. Le MG se voyait attribuer une
position singulière en raison des modalités de consultation, d’un savoir estimé et
d’une relation sociale unique fondée sur son accessibilité, sa polyvalence, sa proximité,
sa familiarité, sa fraternité, sa fidélité, sa discrétion et sa capacité à fournir
un témoignage social. Il réalisait des certificats, une psychothérapie, une prise
en charge médicamenteuse et une coordination. Les autres acteurs étaient méconnus
et souffraient de préjugés quant à leur action. Le MG était vu comme le plus apte
à considérer les besoins globaux des patients. Ces derniers comprenaient les limites
imposées par la sécurité sociale et les difficultés de coordination. Les patients
réalisaient un travail de restauration psychique passant par le développement de capacités
propres susceptibles de modifier leur conditionnement psychique. Conclusion : Notre
étude montre que l’enjeu lié à l’élaboration systémique d’une réponse singulière repose
sur la mise en place des conditions renforçant la relation médecin-patient et la pluridisciplinarité.
Une meilleure formation à la collaboration et une modification du mode d’exercice
du MG peuvent se révéler particulièrement pertinentes.;