Description : Les sujets résidant dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes
(EHPAD) sont fréquemment exposés à une polypathologie et sont polymédiqués, ce qui
augmente le risque de prescriptions potentiellement inappropriées (PPI) et ainsi le
risque d'événements iatrogènes tels que le décès et l'hospitalisation. La plupart
des études réalisées en France sur la PPI se sont focalisées sur des classes médicamenteuses
précises, et peu ont évalué l'impact des caractéristiques structurelles et organisationnelles
des EHPAD sur la PPI des résidents, indépendamment des caractéristiques individuelles.
Cette thèse a eu pour objectif de développer un nouvel indicateur de PPI, reflétant
au mieux la prise en charge médicamenteuse globale des résidents d'EHPAD. Les travaux
de thèse ont été réalisés sur un échantillon issu de l'étude IQUARE (Impact d'une
démarche QUAlité sur l'évolution des pratiques et le déclin fonctionnel des REsidents),
étude quasi expérimentale (NCT01703689) évaluant l'impact d'une intervention basée
sur l'éducation gériatrique du personnel de l'EHPAD sur des indicateurs de qualité
des soins. Dans un premier temps, nous avons construit un outil original de détection
de PPI, combinant des critères explicites et implicites, identifiant 71% des résidents
avec une PPI à l'inclusion. Des caractéristiques organisationnelle (accès à un avis
psychiatrique) et structurelle (présence d'une unité de soins spécialisée) de l'EHPAD
expliquaient une part de cette PPI. Dans un second temps, afin de valider la pertinence
de cet outil, nous avons évalué l'impact clinique de la PPI sur la survenue d'événements
indésirables au cours du suivi. Nous n'avons pas retrouvé de risque augmenté de décès
ou d'hospitalisation. Enfin, l'intervention gériatrique générale de l'étude IQUARE
a significativement réduit la PPI des résidents à 18 mois. Ces travaux ont fourni
des éléments importants à prendre en considération, lors de la construction de nouvelles
études visant à modifier les pratiques de prescription et à réduire le nombre de médicaments
prescrits chez les résidents d'EHPAD, mais aussi pour déterminer l'impact clinique
de ces changements.;