Sorties prématurées au cours des primo-hospitalisations chez des patientes souffrant
d'anorexie mentale sévère: facteurs prédictifs et perspectives thérapeutiques - CISMeF
Sorties prématurées au cours des primo-hospitalisations chez des patientes souffrant
d'anorexie mentale sévère: facteurs prédictifs et perspectives thérapeutiquesDocument
Titre : Sorties prématurées au cours des primo-hospitalisations chez des patientes souffrant
d'anorexie mentale sévère: facteurs prédictifs et perspectives thérapeutiques;
Description : Les sorties prématurées d'hospitalisation sont particulièrement fréquentes chez les
patients souffrant d'anorexie mentale et assombrissent leur pronostic en générant
davantage de rechutes et de chronicisation de la maladie. Après une revue de littérature,
une étude rétrospective a été réalisée dans le but de mieux comprendre ce phénomène
d'échappement aux soins hospitaliers chez les patientes anorexiques. A partir des
dossiers médicaux de 189 patientes de sexe féminin hospitalisées entre janvier 2014
et décembre 2016 dans le service des troubles graves du comportement alimentaire de
la clinique Saint Vincent de Paul à Lyon pour le traitement d'une anorexie mentale,
nous avons recherché et analysé les facteurs associés aux sorties prématurées d'hospitalisation.
Des paramètres sociodémographiques et cliniques ont été recueillis et comparés entre
le groupe des patientes sorties d'hospitalisation prématurément et celui des patientes
ayant mené leur hospitalisation à terme. Près d'un quart des patientes (24,7%) ont
interrompu leur hospitalisation prématurément, le plus souvent contre avis médical.
Les résultats de l'étude mettent en évidence une corrélation entre l'importance du
gain d'IMC durant l'hospitalisation et la diminution du risque de sortie prématurée.
Par ailleurs, une augmentation de ce risque a été identifiée chez les patientes présentant
une forme purgative d'anorexie mentale admises via un service d'urgences ou de pédiatrie.
D'autres associations entre le risque de sortie prématurée et le diagnostic de forme
purgative d'anorexie mentale, la longue durée de la maladie, la survenue d'une renutrition
par sonde nasogastrique au cours de l'hospitalisation, le gain d'IMC les 4 premières
semaines de traitement ou la valeur élevée de l'IMC de sortie chez les patientes présentant
une forme restrictive d'anorexie mentale ont été retrouvées. Ces facteurs potentiellement
prédictifs pour les uns et explicatifs pour les autres nourrissent la réflexion actuelle
sur les stratégies thérapeutiques à mettre en oeuvre pour réduire le taux d'échappement
aux soins hospitaliers chez ces patients. Nos données suggèrent que des stratégies
de reprise pondérale précoce pourraient contribuer à la réduction du risque de sortie
prématurée d'hospitalisation. De même, elles sont en faveur d'une meilleure préparation
des patients en amont de l'hospitalisation, en particulier dans les situations de
relai de soin entre les structures d'urgence et les unités de prise en charge spécialisée.
Cette préparation pourrait s'appuyer sur la proposition d'une rencontre avec la nouvelle
équipe de soins avant le transfert et la délivrance d'explications claires avant l'admission
sur les modalités du traitement. La mise en place d'interventions à visée motivationnelle
pourrait également participer à l'établissement d'une alliance thérapeutique de qualité
et à la réduction de la résistance aux soins habituellement observée dans la prise
en charge des anorexies mentales sévères;