Description : Pendant des décennies, les traitements anticoagulants oraux n’ont comporté qu’une
seule classe pharmacologique, celle des antagonistes de la vitamine K (AVK). C’est
pourquoi, l’arrivée sur le marché, entre 2008 et 2013, de trois nouveaux anticoagulants
oraux directs non AVK (AOD) de mêmes indications thérapeutiques que les AVK mais
de mécanismes d’action plus spécifiques, a suscité l’espoir qu’à efficacité égale
ou peut-être supérieure, ils pourraient induire moins de complications hémorragiques.
Il s’agit d’un antithrombine, le dabigatran, et de deux anti Xa, le rivaroxaban et
l’apixaban. Ces anticoagulants ne nécessitent pas de surveillance de leur activité
anticoagulante, ce qui est une contrainte en moins par rapport aux AVK mais ce qui,
en contrepartie, limite la possibilité d’adaptations posologiques individualisées.
Par ailleurs, ils sont actuellement dépourvus d’antidote, un inconvénient non négligeable
face aux situations d’urgence traumatique ou chirurgicale. S’ils présentent l’avantage,
par rapport aux AVK, de ne pas entraîner d’interactions avec les aliments, ils ne
sont pas dénués d’interactions médicamenteuses. Leurs données de pharmacovigilance
n’autorisent pas, en l’état actuel, de comparaison avec les AVK mais permettent cependant
de préciser les facteurs de risque, par exemple ceux des effets indésirables hémorragiques
: âge, insuffisance rénale, poids corporel 50 kg, associations médicamenteuses,
pathologies ou interventions à risque hémorragique. Les principaux effets indésirables
concernent d’abord les accidents hémorragiques (surtout la sphère digestive et plutôt
dans les indications médicales) puis thromboemboliques, plutôt au décours de la chirurgie.
Un suivi à long terme s’avère nécessaire pour s’assurer, au-delà des résultats des
essais cliniques et des premières données d’utilisation, de leur sécurité à long terme.
En prévention de la maladie thromboembolique veineuse en chirurgie orthopédique, leurs
avantages principaux versus le traitement héparinique auquel ils sont une alternative
particulièrement bienvenue pour des sujets jeunes, sans insuffisance rénale ni hépatique,
en l’absence de comorbidités, sont la possibilité d’un traitement oral et l’absence
d’obligation de contrôles biologiques répétés. Dans l’indication de la prévention
des accidents vasculaires cérébraux et des embolies systémiques chez les patients
atteints de fibrillation atriale non valvulaire, il n’existe à l’heure actuelle aucun
argument scientifique pour privilégier les nouveaux anticoagulants oraux par rapport
aux AVK, à plus forte raison pour remplacer, chez un patient, un traitement AVK efficace
et bien toléré par un anticoagulant oral direct, sans parler de la dangerosité inhérente
au passage d’un AVK à un nouvel anticoagulant, quelles que soient les précautions
prises.;