Description : L’éducation à la vie affective et sexuelle est un enjeu de santé publique en constante
évolution. Outre le versant biomédical, l’intégration des dimensions psychosociologiques
est de nos jours indispensable du fait de la croissante augmentation des inégalités
et des violences sexuelles. Un programme éducatif est inscrit dans la loi à raison
de 3 séances par an de l’école au lycée depuis 2001. Cependant, il existe de grandes
disparités d’application entre les différents établissements scolaires en lien avec
des problématiques de recrutement et de formation des intervenants, d’organisation
interne et de financement. La pair-aidance, ou éducation par les pairs, est un mode
d’éducation dans lequel un groupe de volontaires préalablement formés sur une thématique,
appelés pairs-éducateurs, transmet cette éducation au reste de leurs pairs, les pairs-apprenants.
L’objectif de ce travail est d’étudier l’acceptabilité et la faisabilité de la mise
en place de programmes de pair-aidance pour l’éducation à la vie affective et sexuelle
des adolescents. MATÉRIEL ET MÉTHODES : Nous avons réalisé une étude descriptive transversale
quantitative multicentrique chez des adolescents scolarisés en 5ème dans des collèges
de Seine-Maritime volontaires pour répondre à un questionnaire. Notre critère de jugement
principal était un taux d’acceptabilité des adolescents pour l’intervention d’un pair
dans l’éducation à la vie affective et sexuelle supérieur à 60%. Nos objectifs secondaires
étaient la faisabilité de la mise en place de ces interventions avec : la possibilité
de recruter au moins 5% de pairs-formateurs chez les adolescents ; l’acceptabilité
de ces interventions pour au moins 60% des établissements scolaires et la faisabilité
avec la possibilité de définir un encadrant pédagogique en charge de l’organisation
interne ; ainsi que la possibilité de définir les modalités organisationnelles de
ce programme. RÉSULTATS : 202 adolescents et 9 établissements scolaires ont été interrogés
dans l’étude. 55% des sujets étaient susceptibles d’accepter l’intervention d’un pair
concernant l’éducation à la vie affective et sexuelle. 10% des sujets ont été recensés
comme volontaires pour devenir pair-éducateurs. 78% des encadrants pédagogiques interrogés
émettaient un avis favorable pour la mise en place de ces interventions et identifiaient
un référent potentiel. Les critères préférentiels des adolescents pour ces interventions
étaient un enseignement par quelqu’un de même sexe, une diversité des thèmes abordés,
la répétition de séances courtes, l’absence de jugement et la liberté d’interaction
lors des séances. CONCLUSION : L’objectif sur l’acceptabilité des adolescents n’a
pas été atteint probablement en raison de grandes zones d’ombres sur le programme.
Cependant, les résultats sont encourageants puisque les établissements sont favorables
à un tel programme et qu’il est tout à fait envisageable de recruter des pairs-formateurs.
Ces résultats mériteraient d’être complétés par une étude de faisabilité sur la formation
initiale des pairs-éducateurs ainsi que par une étude expérimentale sur ce modèle
dans une classe test.;