Description : En France, comme ailleurs dans le monde, la lutte contre les difficultés d'accessibilité
spatiale aux soins constitue depuis deux décennies un enjeu central et une priorité
des politiques publiques de santé. Depuis 2005, la législation française prévoit que,
dans chaque région, soient délimitées des zones considérées comme en déficit en matière
d'offre médicale. Les médecins qui y exercent ou qui viennent s'y installer peuvent
bénéficier d'un certain nombre d'aides publiques, l'objectif étant de favoriser une
meilleure répartition géographique des professionnels de santé de ville. Face au constat
d'efficacité limitée de cette politique publique, les mesures mises en œuvre sont
régulièrement remises en cause de même que la méthodologie de délimitation du « zonage
médecins ». Cette thèse est consacrée à questionner cette méthodologie de zonage.
Un détour socio-historique préalable retraçant le processus de genèse de cet instrument
d'action publique permet de comprendre que le zonage médecins actuel, dans sa forme
purement incitative, est un outil de compromis façonné en partie par des enjeux pragmatiques
dont il ne peut être fait abstraction. Je démontre ensuite pourquoi, en tant qu'instrument
d'une politique publique de discrimination positive, les enjeux d'équité et de justice
sociale et/ou spatiale s'imposent à l'instrument et j'explicite en quoi les méthodes
de zonage actuelles sont largement conditionnées par un présupposé plus fantasmé qu'avéré
d'un lien entre territoires en difficulté d'accessibilité spatiale aux médecins généralistes
et territoires socialement défavorisés. A tel point que les méthodes de zonage actuelles
reposent sur des critères sociaux autant que sur la mesure des niveaux d'accessibilité
spatiale aux soins ce qui dénature la fonction même de ce zonage dont on ne sait plus
s'il cible des territoires en difficulté d'accès aux soins ou bien s'il ne cible plus
que des territoires en difficulté sociale. [...];