Description : Cet article s’intéresse aux reconfigurations du problème de la pollution de l’air
en lien avec l’émergence de nouvelles mobilisations citoyennes, impulsées par l’essor
du marché des micro-capteurs numériques. Ce faisant, il met plus spécifiquement le
curseur de l’étude non plus sur le rôle des collectifs mobilisés mais sur celui des
scientifiques et des acteurs institutionnels impliqués dans les projets de science
citoyenne. En s’appuyant sur une enquête de terrain réalisée à Paris, cette étude
met en évidence le fait que les scientifiques et les acteurs institutionnels se joignent
aux projets de sciences citoyennes avec leurs propres intérêts et objectifs, différents
de ceux portés par les collectifs mobilisés. Il en résulte d’importantes asymétries
de pouvoir qui réduisent le rôle des collectifs mobilisés à la collecte de données
numériques. Cet article montre comment cette réduction du citoyen à un simple capteur
de pollutions environnementales limite la capacité de transformer un projet de science
citoyenne en une mobilisation capable de redéfinir et de reconfigurer le problème
de la pollution de l’air à l’échelle locale.;