Recours aux soins de santé mentale pour les personnes civiles exposées aux attentats
du 13 novembre 2015. Description des parcours de soins et analyse de leurs déterminants - CISMeF
Recours aux soins de santé mentale pour les personnes civiles exposées aux attentats
du 13 novembre 2015. Description des parcours de soins et analyse de leurs déterminantsDocument
Titre : Recours aux soins de santé mentale pour les personnes civiles exposées aux attentats
du 13 novembre 2015. Description des parcours de soins et analyse de leurs déterminants;
Description : Les attentats du 13 novembre 2015 ont exposé à un événement potentiellement traumatique
plusieurs milliers de personnes civiles directement (menacés, témoins) ou indirectement
(endeuillé, ami proche). Cette thèse se fonde sur les 575 réponses des civils à l’Enquête
de Santé publique Post-Attentats du 13 novembre par web questionnaire 8 à 11 mois
après. L’originalité de cette thèse était de ne pas s’arrêter à la mesure de l’impact
psychotraumatique mais aussi de décrire les parcours de soins de santé mentale et
d’en mieux connaître les déterminants. Les résultats montrent un fort impact (38 %
de TSPT, 33%, de symptômes dépressifs élevés). La prévalence des TSPT chez les endeuillés
non directement exposés (49%) était équivalente à celle des directement menacés (53%).
Les facteurs de risque de TSPT étaient : être une femme, ouvrier, en couple, avoir
été menacé, avoir un proche exposé dans les attentats, des antécédents de traitement
pour problèmes psychologiques, déclarer un nombre élevé de problèmes somatiques. Le
recours à un dispositif de soins de santé mentale concernait 67% des répondants (39%
de visites chez un psychiatre ou psychologue, 35% de rencontres avec un spécialiste
dans un dispositif de terrain, 17% de recours au médecin généraliste, 16% de recours
à une association de/aide aux victimes). Deux tiers des répondants ont vu un généraliste
pour un problème somatique relié aux attentats. Un tiers ont engagé un soin régulier,
dont 48% dans le premier mois. La proportion de personnes ayant utilisé au moins un
des dispositifs de soins augmentait selon que la personne ne présentait ni symptômes
dépressifs ou anxieux ni TSPT (55 %),des symptômes anxieux (59%), des symptômes dépressifs
sans TSPT (79%), un TSPT seul (89%) ou un TSPT associé à des symptômes dépressifs
(92 %). Parmi les personnes souffrant de TSPT, les témoins ont moins eu recours aux
soins que les menacés. Les facteurs associés à l’engagement de soins réguliers étaient
: des symptômes dépressifs élevés ou un TSPT, déclarer de nombreuses plaintes somatiques,
avoir été menacé directement et/ou avoir un proche exposé dans les attentats, des
antécédents de traitement pour dépression, être en couple, avoir vu un médecin généraliste
ou une association de/d’aide aux victimes. Chez ceux qui souffraient d’un TSPT, les
raisons évoquées pour ne pas avoir engagé des traitements réguliers étaient ne pas
en avoir éprouvé le besoin ou des raisons psychologiques (mauvais contact, se sentir
illégitimes), avant des problèmes d’accès ou de finances. La fréquence élevée du TSPT
requiert pour tous les exposés une attention soutenue pour leur dépistage et leur
prise en charge. L’information sur les possibilités de prise en charge doit être largement
diffusée. Des efforts doivent être portés sur les témoins ainsi que sur les craintes
de stigmatisation ou à l’égard des soins psychologiques. Les associations jouent un
rôle favorable pour l’orientation des personnes. La prise en charge ponctuelle en
urgence par le psychiatre ou le psychologue, peut aussi avoir un rôle de sensibilisation
sur l’utilité d’engager un soin régulier en cas de souffrance mentale. Il faut former
les médecins, au dépistage et à l’orientation vers les dispositifs de prise en charge
des troubles de santé mentale dont peuvent souffrir des personnes exposées à ces événements
et qui viendraient pour des plaintes somatiques.;