Description : Introduction : Les données sur la grossesse et sur l'utilisation des thiopurines ou
des anti-TNF pendant la grossesse chez les femmes atteintes de maladies inflammatoires
de l'intestin (MICI) sont rassurantes. Cependant, ces données reposent généralement
sur des études basées sur des effectifs limités et réalisées avant l'utilisation massive
des biothérapies.Objectif : Notre objectif général était d’évaluer les risques vis-à-vis
de la santé de la mère et de l’enfant, des MICI et des médicaments utilisés pour leur
prise en charge pendant la grossesse, à l’échelle de l’ensemble de la population en
France.Méthodes : À partir des données du système national des données de santé (SNDS)
qui portent sur 99% de la population française, nous avons identifié toutes les grossesses
se terminant entre le 1er avril 2010 et le 31 décembre 2018 chez des femmes avec et
sans MICI en France. Les issues de grossesse (statut vital à la naissance, terme de
la naissance et poids pour l'âge gestationnel) ont été comparées entre les grossesses
avec et sans MICI par des modèles de régression logistique multivariés. Les issues
de grossesse et le risque d’infections graves dans les 5 premières années de vie des
enfants ont été comparés en fonction de l'exposition médicamenteuse (thiopurines en
monothérapie, anti-TNF en monothérapie, combothérapie anti-TNF et thiopurines ou aucun
de ces médicaments) pendant la grossesse par des modèles de régression logistique/Cox
marginaux pondérés par l’inverse du score de propension.Résultats : Nous avons inclus
36 654 grossesses chez 160 515 femmes atteintes de MICI. Les grossesses avec MICI
s’étaient plus fréquemment terminées par des naissances prématurées, des petits poids
de naissance pour l'âge gestationnel et des césariennes, et elles avaient plus souvent
donné lieu à des hospitalisations en lien avec la grossesse, comparé aux grossesses
sans MICI. Par ailleurs, en cas de MICI active avant et pendant la grossesse ces risques
étaient plus élevés et les risques de mort-nés et de naissances grandement prématurées
étaient également accrus. Les grossesses exposées aux thiopurines, seules ou en combinaison
avec un anti-TNF, avaient plus fréquemment donné lieu à des mort-nés, des naissances
prématurées et des gros poids pour l'âge gestationnel, comparé aux grossesses exposées
à un anti-TNF en monothérapie ou aux grossesses non exposées. En revanche, les grossesses
exposées à un anti-TNF en monothérapie n'étaient pas associées à ces résultats de
grossesse défavorables. L'exposition in utero aux thiopurines et aux anti-TNF en monothérapie
n'augmentait pas le risque d'infection grave au cours des cinq premières années de
vie. En revanche, les enfants exposés à la combothérapie présentaient un taux accru
d'infections graves au cours de la première année de vie, en particulier les infections
du système nerveux et les infections virales.Conclusions : Les femmes atteintes de
MICI doivent être rassurées lorsqu'elles envisagent une grossesse. En effet le risque
de complication est faible que ce soit pour la mère ou pour l’enfant. Il convient
d’obtenir et maintenir une rémission des MICI avant et pendant la grossesse et d’éviter
si possible une grossesse sous thiopurines.;