Description : L’adolescence est une période particulièrement à risque pour le développement de troubles
du sommeil tels que l’insomnie et de troubles des conduites alimentaires, notamment
de l’anorexie mentale. L’insomnie est un trouble fréquent et chronique, ayant d’importantes
conséquences sur la santé physique, la santé mentale et la qualité de vie des patients,
en plus de répercussions socio-économiques conséquentes, tandis que l’anorexie mentale
est un trouble d’une particulière gravité avec un risque de mortalité toutes causes
confondues et par suicide parmi les plus élevés dans l’ensemble des pathologies psychiatriques.
Anorexie mentale et insomnie sont des troubles très fréquemment comorbides et la présence
de troubles du sommeil pourrait affecter l’évolution, la réponse au traitement et
le pronostic de l’anorexie mentale. De plus, l’association de ces troubles augmente
le risque de développer une pathologie anxio-dépressive comorbide et dégrade encore
davantage la qualité de vie des patients. De ce fait, la prise en charge du sommeil
à part entière dans le cadre de la prise en charge globale de l’anorexie mentale apparaît
essentielle et permettrait d’atténuer les symptômes en lien avec l’anorexie mentale
et avec les éventuels troubles anxio-dépressifs associés, en plus d’avoir un impact
positif sur les perturbations émotionnelles et la qualité de vie. La TCC de l’insomnie
ayant montré son efficacité concernant l’amélioration des paramètres du sommeil à
court terme et à long terme, en plus d’un impact bénéfique sur les pathologies comorbides
de l’insomnie, d’une amélioration du fonctionnement diurne et de la qualité de vie,
apparaît comme le traitement le plus 85 efficace à proposer aux patients. De plus,
il s’agit du traitement de première intention recommandé en France et à l’international
pour la prise en charge de l’insomnie, chez les adultes et les adolescents. Enfin,
les recherches actuelles ont montré que l’association de la pratique de la méditation
de pleine conscience à la TCC de l’insomnie permettait une plus grande diminution
de la sévérité de l’insomnie, justifiant de proposer aux patients l’adjonction de
cette thérapie. Notre étude a donc évalué pour la première fois l’efficacité de la
TCC de l’insomnie sur les altérations du sommeil chez les adolescents atteints d’anorexie
mentale. Les résultats semblent aller dans le sens d’une efficacité de cette thérapie,
notre étude retrouvant une amélioration significative de certains paramètres du sommeil,
ainsi que du bien-être physique et de l’IMC. Cependant plusieurs limitations importantes
telles que l’absence de groupe contrôle nous empêchent d’affirmer de façon certaine
l’existence d’un lien de causalité entre la thérapie proposée et les améliorations
observées. Concernant l’association de la méditation de pleine conscience à la TCC
de l’insomnie, la réticence des patients à s’engager dans cette thérapie ne nous a
pas permis d’en évaluer les potentiels bénéfices. De futures recherches doivent être
menées sur ce sujet, avec des essais cliniques incluant la présence d’un groupe contrôle,
des méthodes de mesure objectives associées au méthodes subjectives, un suivi des
patients à plus long terme et un échantillon de patients plus important. De plus,
l’évaluation de la motivation des patients pour la thérapie semble importante à déterminer
préalablement. Enfin, de futures études pourraient également évaluer les bénéfices
potentiels de l’implication des parents, de l’adaptation du protocole de la TCC de
l’insomnie aux besoins spécifiques des adolescents atteints d’anorexie mentale, et
de la proposition de différents modes de délivrance de la thérapie.;