Description : Les cardiopathies congénitales (CC) sont les causes les plus fréquentes de maladies
congénitales et représentent un problème de santé mondiale majeur. Grâce aux innovations
médicales et chirurgicales dans le traitement des CC ces dernières années, de plus
en plus de patients survivent à la période néonatale. L’objectif désormais, n’est
plus uniquement de diminuer la mortalité, mais aussi de diminuer la morbidité sur
le long terme. Les nourrissons atteints de CC sévère sont à haut risque de développer
une dénutrition, du fait de facteurs cardiaques et extracardiaques qui provoquent
un déséquilibre de la balance énergétique. Nous souhaitons donc identifier l’incidence
de la dénutrition au cours de la première année de vie dans une population de nourrissons
atteints de CC sévère et identifier les facteurs associés à cette dénutrition. Méthodes
et résultats : nous avons mené une étude longitudinale rétrospective et multicentrique
de janvier 2014 à décembre 2020. 216 nourrissons atteints de CC sévère (nécessitant
une chirurgie cardiaque et/ou un cathétérisme interventionnel et/ou une hospitalisation
pour insuffisance cardiaque, dans la première année de vie) étaient inclus. Les CC
étaient classées selon une classification physiopathologique (classification de Thiene
et Frescura). La dénutrition, définie par un score de Waterlow 80% et/ou un ratio
taille pour taille attendue pour l’âge 85% et/ou la nécessité d’un enrichissement
calorique ou d’un support nutritionnel au cours de la première année de vie, était
identifiée pour 43% des nourrissons. Les patients atteints d’une CC avec augmentation
du débit sanguin pulmonaire (shunt gauche-droite), avaient une prévalence de dénutrition
plus élevée (71%) que les patients classés dans les autres groupes physiopathologiques
de CC, avec une prévalence de dénutrition inférieure à 30%. L’insuffisance cardiaque
pendant la première année de vie (OR 9,26 IC[4.04;21.25], p 0,001), les CC avec une
augmentation du débit sanguin pulmonaire (OR 4,80 IC[1.42;16.20], p 0,08), le nombre
élevé d’hospitalisations (OR 1,35 IC [1.08l; 1.69], p 0,009) et un faible poids à
la naissance (OR 0,62 IC [0.44;0.89], p 0,009) étaient des facteurs de risque indépendants
de malnutrition selon l’analyse multivariée. Conclusion : l’incidence de la dénutrition
chez les nourrissons ayant une CC sévère est élevée, et plus spécifiquement lorsqu’il
s’agit d’une CC avec augmentation du débit sanguin pulmonaire. Pour prévenir la morbidité
associée à la dénutrition dans cette population de patient, la réalisation d’un programme
nutritionnel précoce paraît indispensable.;