Description : Peu d'études sont publiées sur l'état de santé des doctorants. Cette situation à la
frontière entre les études universitaires et une activité professionnelle présente
pourtant des facteurs de stress propres à ce statut. Par ailleurs, les confinements
instaurés à travers le monde pour lutter contre l'épidémie de covid-19 sont des facteurs
de stress supplémentaires. Dans le cadre d'une évaluation des risques psycho-sociaux
du personnel de l'université Claude Bernard Lyon 1, la population des doctorants semblait
être plus à risque que les autres personnels. Un suivi médical systématique avait
donc été mis en place par le service de santé au travail de l'UCBL1. Au cours de cette
visite, des données sur l'état de santé et les conditions de travail avaient été recueillies.
Quelques mois plus tard, dans le cadre du confinement au cours de l'épidémie de covid-19,
un entretien téléphonique a été proposé aux doctorants de l'UCBL1 afin d'évaluer l'impact
du confinement sur les conditions de travail et la santé et d'apporter une aide éventuelle.
Les données de santé des deux visites ont été comparées en tenant compte des données
répétées pour chaque sujet. Parmi les 161 étudiants vus une première fois en visite
médicale, 149 ont bénéficié d'un deuxième entretien. Une augmentation statistiquement
significative des symptômes dépressifs a été constatée chez 15,5% des doctorants étudiés.
Une association statistiquement significative a été mise en évidence entre l'augmentation
des symptômes dépressifs et le fait d'être confiné en zone urbaine, de présenter des
difficultés financières, l'arrêt ou la diminution de la consommation de tabac, la
consultation d'un professionnel de santé ou une dégradation du sommeil. L'augmentation
des troubles anxieux était associée à l'absence d'accès extérieur privatif, à la prise
de poids, à l'augmentation de la prise alimentaire, de la consommation de café et
une dégradation de la qualité du sommeil. Un moins bon état de santé ressenti était
associé à un changement de sujet de thèse pendant le confinement, la consultation
d'un professionnel de santé et des troubles de l'alimentation. La présence d'antécédents
psychiatriques avant le confinement était associée au risque de développer un syndrome
dépressif au cours du confinement. Quelques études ont été publiées sur l'impact du
confinement sur la santé mentale, mais aucune ne s'intéresse spécifiquement aux doctorants
et aucune n'a de caractère prospectif. Leurs résultats sont donc difficilement comparables
avec les nôtres. L'impact du confinement sur la santé mentale des doctorants mis en
évidence dans notre étude, justifie donc un suivi adapté de cette population, notamment
en présence d'antécédents psychiatriques.;