Description : Les patients atteints d’hémopathie maligne sont très exposés aux infections sévères
; cependant, les facteurs de risque de forme grave de COVID-19 semblent différer de
ceux identifiés pour la population générale. Nous avons réalisé une étude de cohorte
rétrospective dans sept centres d’hématologie du Nord et du Pas-de-Calais. Les patients
inclus étaient âgés de plus de 18 ans, suivis pour une hémopathie maligne, et avaient
présenté une infection à SARS-CoV-2 confirmée par RT-PCR ou sérologie, au cours de
l’année 2020. 441 patients ont été inclus et analysés. Le taux de forme grave de COVID-19
était de 35,6%, et le taux de mortalité de 23,1%. La sérologie était positive pour
75% des patients sur 96 évaluables ; le traitement par anticorps monoclonal anti-CD20
datant de moins d’un an était associé à l’absence de séroconversion (p 0,001). En
analyse multivariée, les facteurs de risque de forme grave étaient le score de Charlson
élevé (OR 1,69 IC95% 1,18 – 2,43, p 0,005), le traitement par chimiothérapie datant
de moins d’un mois (OR 1.83, IC95% 1,14 – 2,92, p 0,012), le traitement par obinutuzumab
datant de moins d’un an (OR 4,34 IC95% 1,11 – 16,96, p 0,035) et l’hémopathie incontrôlée
(OR 2,41 IC95% 1,40 – 4,14, p 0,001). Ni l’allogreffe ni l’autogreffe de cellules
souches hématopoïétiques n’étaient associées à un sur-risque de forme grave. Le traitement
en cours par inhibiteur de tyrosine-kinase ciblant ABL apparaissait protecteur de
forme grave de COVID-19 (OR 0,12 IC95% 0,02 – 0,99, p 0,049). En analyse multivariée
dans le sous-groupe des 245 patients hospitalisés pour une forme modérée de COVID-19,
les facteurs associés à un sur-risque d’évolution vers une forme grave étaient l’atteinte
pulmonaire supérieure à 50% au scanner thoracique (OR 7,88, IC95% 2,79 – 22,22, p
0,001) et la CRP élevée à l’entrée en hospitalisation (OR 2,24, IC95% 1,54 – 3,26,
p 0,001). Les patients atteints d’hémopathie maligne ont un risque accru de forme
grave de COVID-19 ; des études complémentaires sont souhaitées pour confirmer l’impact
de l’immunodépression humorale dans cette infection.;