Description : L’accouchement peut être vécu comme un évènement traumatique par la mère. Cet évènement
peut être associé à l’expression d’un Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) dans
la période postnatale, mais cela a-t-il des répercussions sur le développement du
bonding maternel ? Quels sont les facteurs associés au TSPT postnatal et à l’altération
du bonding maternel ? Existent-elles des différences dans les facteurs de risques
liés au TSPT et à l’altération du bonding maternel entre deux populations issues de
deux cultures différentes ? Pour répondre à ces interrogations, 646 femmes françaises
et tunisiennes ont été sollicités au cours du troisième trimestre de grossesse. Parmi
ces femmes, 284 ont été contacté deux mois après l’accouchement et 190 ont été rappelé
à six mois post-partum. Cette étude a permis d’adapter et de valider une échelle de
stratégie de coping sur la population tunisienne et de construire et de valider une
échelle spécifique au TSPT en lien avec l’accouchement, suivant les nouveaux critères
diagnostiques du DSM 5, auprès de femmes françaises et tunisiennes. Les résultats
de ce travail ont montré qu’à deux mois après l’accouchement, 5,2% des femmes françaises
et 16,5% des femmes tunisiennes présentaient un TSPT. A six mois post-partum la prévalence
du TSPT était de 3,1% pour les femmes françaises et de 16,3% pour les femmes tunisiennes.
Des modèles de régressions hiérarchiques spécifiques à chaque population ont indiqué
que pour les femmes françaises, ce sont la primiparité et le mode d’accouchement,
l’auto-blâme utilisé durant la période prénatale, les douleurs physiques prénatales,
ainsi que la perception négative du soutien de L’équipe soignante durant l’accouchement
qui constituaient des facteurs de risque au développement d’un TSPT postnatal. Pour
les femmes tunisiennes, ce sont la primiparité et le mode d’accouchement, la perception
négative du soutien de l’équipe soignante durant l’accouchement, l’utilisation de
la dramatisation et de l’auto-blâme après l’accouchement qui constituaient des facteurs
de risque au développement d’un TSPT en post-partum. En ce qui concerne l’effet du
TSPT sur le bonding maternel, les résultats ont exposé que ce trouble avait un impact
négatif sur le développement du bonding dans la période postnatale et plus précisément
au niveau de l’altération du lien mère-enfant et de l’anxiété par rapport à l’enfant
pour les femmes françaises. Les résultats ont indiqué aussi que des stratégies de
coping comme l’auto-blâme, le désengagement comportemental et une moindre planification
avaient un rôle médiateur entre le TSPT post-partum et le bonding maternel. Pour les
femmes tunisiennes, le TSPT avait un impact négatif sur le bonding et surtout au niveau
de l’anxiété par rapport à l’enfant. Les stratégies de coping qui médiatisaient la
relation entre le TSPT post-natal et le bonding maternel dans cette population étaient
la dramatisation, l’auto-blâme et la rumination. Cette recherche a permis aussi de
réaliser des modélisations sur l’impact du TSPT post-natal sur le bonding à 6 mois
post-partum et les différentes variables associées pour les deux populations françaises
et tunisiennes. En conclusion, les outils développés et validés sur les deux populations
dans ce travail ainsi que les résultats présentés établissent des bases importantes
pour orienter de futures interventions psychologiques afin de permettre une meilleure
prévention et diagnostic du TSPT post-natal ainsi que de prévenir son impact délétère
sur le bonding mère-enfant.;