Description : Selon la définition donnée au 2nd Schizophrenia International Research Society Conference
à Florence en 2010, la remédiation cognitive est une « intervention thérapeutique
non médicamenteuse destinée à améliorer les processus cognitifs (attention, mémoire,
fonctions exécutives, cognition sociale et métacognition), de telle manière que les
bénéfices se traduisent concrètement dans la vie du patient et se maintiennent dans
la durée ». En d’autres termes, l’objectif à atteindre n’est pas l’amélioration des
performances cognitives en soi mais la réussite de projets concrets dans le domaine
social (loisirs, logement...) ou professionnel (travail protégé ou dans un milieu
ordinaire) à laquelle cette amélioration peut contribuer. Il s’agit ainsi de limiter
l’impact des altérations cognitives en permettant au sujet de « développer des stratégies
de traitement de l’information qui pourront être utilisées dans la vie quotidienne
» afin d’améliorer le fonctionnement du sujet. Initialement, les premières études
concernant les méthodes de remédiation cognitive se sont développées auprès de patients
victimes d’AVC ou de traumatisme cérébral. Actuellement, les programmes de remédiation
cognitive sont utilisés pour toutes pathologies compliquées d’altérations cognitives.
Il est maintenant clairement admis et prouvé à travers de nombreuses publications
que les altérations cognitives apparaissent comme une caractéristique fondamentale
du trouble du spectre de la schizophrénie. Environ 85% des sujets souffrant de schizophrénie
présentent des altérations cognitives. Les thérapeutiques pharmacologiques restent
faiblement efficaces pour traiter ces altérations. En revanche, l’efficacité de la
remédiation cognitive chez les patients souffrant de schizophrénie a pu être mise
en évidence. Une méta-analyse regroupant 40 études portant sur 2104 patients, retrouve
une taille d’effet modérée dans l’amélioration des résultats aux tests neuropsychologiques
après réalisation d’un programme de remédiation cognitive, alors qu’aucune amélioration
significative n’est retrouvée avec le traitement pharmacologique seul sur ces dimensions-là.
L’essentiel des données disponibles concernant les altérations cognitives et la remédiation
cognitive se rapportent à des personnes souffrant de schizophrénie depuis plusieurs
années. Les données portant sur l’intérêt de la remédiation cognitive lors du premier
épisode psychotique sont encore un peu moins nombreuses. Pourtant, cette phase de
la maladie semble être une période critique et déterminante en termes de prise en
charge pour le patient d’autant plus que les altérations cognitives y sont déjà présentes.
Réduire l’impact fonctionnel des altérations cognitives, dès les premiers stades de
la pathologie permet de favoriser le rétablissement des patients et améliorer leur
pronostic. On parle d’intervention précoce ou encore d’« early intervention program
» dans la littérature anglophone. Après avoir rappelé les différentes phases d’évolution
de la pathologie schizophrénique en mentionnant les altérations cognitives présentes
à ces différents stades, une revue de la littérature portant sur la description et
l’évaluation de l’efficacité des programmes de remédiation cognitive pour les patients
souffrant d’un premier épisode psychotique sera proposée.;