Description : Introduction : l’examen clinique dont nous devons la paternité à Hippocrate n’a cessé
d’évoluer au cours des siècles. Il s’est considérablement enrichi à partir du XVIIIe
siècle grâce à l’approche anatomo-pathologique qui établit un lien entre un symptôme
allégué par le patient, l’examen clinique, et la lésion dans un organe. La découverte
du stéthoscope au XIXe siècle par le Français Laennec a été une étape essentielle
et a permis d’enrichir la sémiologie pneumologique et cardiologique. Depuis, de nombreux
outils ont complété la trousse du médecin. Nous nous sommes intéressés à l’échographie
qui équipe de plus en plus les cabinets de médecine générale. Intégrée au sein de
l’examen clinique, elle constitue un outil diagnostique qui permet de visualiser directement
les signes directs ou indirects d’une maladie. On parle alors d’échoscopie. Nous avons
évalué comment la pratique de l’échoscopie modifie l’examen clinique conventionnel
du patient et ses conséquences sur l’incertitude diagnostique. Matériel et méthodes
: nous avons conduit d’avril à mai 2019 une étude qualitative par entretiens individuels
semi-dirigés auprès de 15 médecins généralistes pratiquant l’échographie. Nous avons
préalablement établi une liste de situations cliniques dénommées situations clinico-échographiques
où l’échoscopie pouvait présenter un intérêt diagnostique. Les entretiens ont permis
de comparer pour ces situations l’examen clinique tel qu’il était réalisé avant l’utilisation
de l’appareil d’échographie, et tel que les médecins le pratiquent aujourd’hui à l’aide
de l’échographe. Résultats : Les examens cliniques conventionnels sont parfois hétérogènes
entre les médecins. Ces derniers rapportent de très nombreuses situations clinico-échographiques.
L’échoscopie lorsqu’elle est réalisée est un temps ultime de l’examen clinique. Celui-ci
est alors modifié et l’incertitude diagnostique diminuée. Pour l’examen de la thyroïde,
une majorité ne fait pas confiance à leur examen et utilise directement l’outil échographique.
Pour l’examen pulmonaire, la plupart ajoutent un temps clinique après l’auscultation
afin d’objectiver une hypothèse clinique de type épanchement pleural ou pneumopathie,
cette dernière indication étant particulièrement intéressante chez l’enfant. En ce
qui concerne les douleurs abdominales, les cliniciens cherchent à corroborer les examens
clinique et échoscopique. Par exemple, pour les suspicions d’atteinte vésiculaire
ou d’appendicite, l’examen clinique reste inchangé la plupart du temps. L’échoscopie
cherche à visualiser les signes directs et indirects d’une lésion. L’examen clinique
peut être raccourci voire supprimé dans le cadre d’une suspicion de TVP, d’ascite,
de globe urinaire, de lésion musculaire ou de kyste poplité. Discussion : l’échoscopie
répond à une question binaire au cours de l’examen et du raisonnement cliniques. Elle
permet d’éliminer ou d’affirmer une hypothèse diagnostique en visualisant directement
l’organe ou la lésion. Lorsque les signes cliniques sont peu sensibles ou peu spécifiques,
l’échoscopie peut se substituer partiellement, voire totalement pour certaines indications
précises, à l’examen clinique. Dans les situations où le clinicien a pu progresser
dans la démarche diagnostique grâce à une sémiologie spécifique ou sensible, l’échoscopie
est une ultime étape de l’examen clinique. Elle permet alors d’établir un degré d’urgence
de prise en charge et éventuellement de lever l’incertitude diagnostique en visualisant
la lésion.;