Description : Introduction – Objectifs : près de deux ans après la polémique de l’été 2017 au sujet
des violences obstétricales, notre étude propose d’explorer la perception de ce débat
par les professionnels, sages-femmes et gynécologues-obstétriciens. Au-delà des prises
de position officielles des hautes instances représentatives de ces professions, il
nous a paru important de recueillir le point de vue et les aspirations des professionnels
en première ligne lors des accouchements. Notre analyse vise également à identifier
les facteurs conduisant à reconnaitre ou non l’existence de violences lors de la prise
en charge des patientes en obstétrique. Matériel et méthode : seize entretiens semi-directifs
ont été conduits auprès de sages-femmes et de gynécologue-obstétriciens entre septembre
et décembre 2018. Résultats : notre étude a montré que le concept de violences obstétricales
était reconnu par les professionnels de l’obstétrique, lui conférant une légitimité,
même si l’expression ne faisait pas l’unanimité. Nombre d’entre elles et eux se sont
remis en question, toute profession confondue, engageant certains à modifier leur
pratique sur les derniers mois. Le seul facteur clivant identifié concernait les années
d’expérience, en ce sens que les praticiens les plus âgés considéraient que la violence
était plus importante au début de leur carrière. Un consensus s’est dégagé sur l’importance
d’informer les patientes sur les actes réalisés et le fait qu’il existait peu de circonstances
atténuantes pour justifier la survenue de violences obstétricales. Au contraire, le
recueil du consentement ne faisait pas l’objet d’un consensus. Conclusion : en définitive,
le débat sur les violences obstétricales initié sur la base des témoignages de patientes
semble avoir cédé le pas à un questionnement plus profond sur la relation entre soignants
et soignés. Ainsi, il nous apparaît que ce débat exprime de nouvelles aspirations
en matière de prise en charge de la naissance, dont les professionnels semblent avoir
pris la mesure par la remise en question de leur pratique.;