Description : Les traumatismes du rachis cervical sont un motif de recours fréquent aux urgences.
Deux principaux algorithmes décisionnels ont été décrits pour réduire le nombre de
radiographies du rachis cervical prescrites aux urgences : les critères américains
National Emergency X-ray Utilization Study (NEXUS) et les critères canadiens, les
Canadian Cervical-Spine Rule (CCR). Ces scores, qui ont largement été développés dans
les pays anglosaxons, sont peu diffusés en France et de fait, nous constatons dans
notre exercice quotidien des pratiques différentes de prescription. L'objectif de
cette étude était d'évaluer rétrospectivement la pertinence des prescriptions d'examens
de radiologie du rachis cervical aux urgences selon les critères NEXUS et de l'algorithme
des CCR. Il s'agit d'une étude observationnelle multicentrique rétrospective réalisée
sur deux périodes d'un mois, une hivernale et une estivale. Nous avons réalisé l'extraction
de l'ensemble des patients ayant passé une imagerie du rachis cervical (radiographie,
scanner, IRM) sur les serveurs des services de radiologie. Étaient inclus tous les
patients de plus de 18 ans, ayant bénéficié d'un acte de radiologie du rachis cervical
(radiographie, TDM, IRM) sur prescription du service des urgences et pour un motif
traumatique. Le critère de jugement principal était l'indication d'une imagerie du
rachis cervical selon les critères NEXUS et/ou les CCR. 315 patients remplissaient
les critères d'inclusion dont 311 patients ont bénéficié d'une radiographie et 4 patients
ont eu un scanner cervical directement. Les radiographies cervicales n'étaient pas
indiquées chez 49% des patients en se basant sur les critères NEXUS et chez 54% des
patients après application de l'algorithme décisionnel des CCR. Il existe un nombre
important de données manquantes, notamment dans la recherche de la rotation cervicale.
Cinquante patients avaient un scanner cérébral ou cranio-cervical après une radiographie
cervicale. Les critères NEXUS et CCR sont encore trop peu connus en France. Pourtant,
ils pourraient servir de base pour limiter les radiographies cervicales. Les données
manquantes sont probablement le signe d'une insuffisance de connaissance des praticiens
dans l'examen du rachis cervical. Un nombre important de radiographies cervicales
pourrait ainsi être évité si des recommandations formelles étaient mises en place.
Le scanner cervical devrait être retenu en première intention dans certaines indications
sans radiographie préalable afin de diminuer l'exposition aux rayons ionisants;