Description : Introduction : la iatrogénie est un enjeu de santé publique. Il existe un lien direct
entre la polypathologie, donc la polymédication, et l'apparition d'effets iatrogènes,
c'est à dire d'effets néfastes dus aux médicaments. Les patients polymédiqués sont
pour la plupart des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans, dont le nombre augmente
chaque année en France, et ce sont donc eux qui sont le plus exposés à la iatrogénie.
Une prise de conscience nationale a eu lieu ces dernières années, et a confié aux
pharmaciens de nouvelles missions de lutte contre la iatrogénie, comme le bilan de
médication partagé. L'objectif de notre étude est de comprendre comment et par quels
moyens les pharmaciens effectuent leur rôle dans la limitation des effets iatrogènes
liés aux prescriptions médicales. Méthodes : étude semi qualitative menée auprès de
trente-six docteurs en pharmacie exerçants en officine répartis sur toute la France,
par l'intermédiaire d'un questionnaire à choix multiples et de notes personnelles,
suivie d'une analyse par découpage thématique, en lien avec l'actualité. Résultats
: la majorité des pharmaciens se sentent très concernés par la iatrogénie, la plupart
sont au courant de leurs nouvelles missions, mais pour l'instant seulement quelque
uns les connaissent et les appliquent dans le détail. Les facteurs limitant l'application
de leurs nouvelles missions sont le manque de temps, et le manque de connaissance
du patient (antécédents, facteurs de risques, allergies, etc.). Ce défaut de connaissance
du patient peut découler de l'infidélité de la patientèle, et/ou du défaut de partage
des informations médicales entre professionnels de santé. Les facteurs encourageant
le développement de ces missions sont la motivation des pharmaciens, et leur soucis
de formation continue bien menée. Mais aussi l'amélioration de la communication inter
professionnelle, notamment par des ordonnances plus claires qu'auparavant ; et de
la communication pharmacien-patient qui évolue. Les données en cours d'évolution sont
la qualité de l'information donnée au patient pour la prévention de l'observance,
et l'accélération du partage des données médicales du patient entre professionnels
de santé. Certains sont encore réticents ou méfiants quant au partage des informations,
qui peut exposer à ne pas respecter le secret médical. Conclusion : dans notre étude,
nous avons démontré que le partage des données médicales et l'amélioration de la communication
semblent être les critères majeurs nécessaires aux pharmaciens pour réaliser leur
nouveau rôle d'acteur de la limitation de la iatrogénie liée aux prescriptions médicales.
Récemment un nouvel amendement de la loi santé a élargi certaines possibilités de
prescription aux pharmaciens. Il serait intéressant d'étudier l'avis des patients,
et notamment des patients polymédiqués de plus de soixante-cinq ans, sur leur vision
du rôle de leur pharmacien; et la façon dont ils appréhendent l'obtention et la consommation
des médicaments présents sur leur ordonnance.;