Description : Contexte : En 2004, le nombre de femmes excisées en France s’estimait à 53000. Des
études montraient l’absence de formation satisfaisante des soignants et peu donnaient
la parole aux femmes concernées. Objectif : Comprendre le vécu et les attentes des
femmes excisées vis-à-vis des consultations médicales. Méthode : Une étude qualitative
phénoménologique a été menée auprès de femmes excisées francophones, majeures, volontaires.
L’objectif de huit entretiens individuels semi-dirigés a été réalisé entre juillet
2017 et juillet 2018 à Grenoble. Ils ont été enregistrés, intégralement retranscrits
puis analysés par deux chercheuses, respectant la triangulation des données. Résultats
: L’excision, souvent vécue comme une souffrance était à l’origine d’une identité
féminine fragilisée, accentuée par la confrontation à une nouvelle norme dans la société
d’accueil. Conditionnées au tabou autour de l’excision, les femmes cherchaient un
accès singulier vers une libération de la parole. Souvent confrontées à des prises
en charge inadaptées, elles attendaient des soignants un climat de bienveillance,
pierre angulaire à une prise en charge ultérieure. Les femmes empruntaient un cheminement
progressif, individuel vers une reconstruction identitaire multidimensionnelle respectant
une temporalité personnelle. Elle se réappropriaient ainsi le droit de choisir, permettant
une réaffirmation de soi. Conclusion : Si les soignants restent réticents à aborder
ce sujet sensible, cette étude montre des femmes libérant une parole dans des conditions
favorables. Leur rôle est de les guider et de les accompagner au sein de leur trajectoire
individuelle vers une réparation multidimensionnelle.;