Description : La dyspnée aiguë est un symptôme subjectif perçu par le patient comme une sensation
de gêne respiratoire évoluant depuis moins de deux semaines. La dyspnée est un symptôme
de défaillance du système cardio-respiratoire. Le champ des diagnostics à envisager
est vaste. Les pathologies les plus graves et fréquentes en médecine d'urgence sont
la pneumopathie bactérienne (18 à 25%), l'insuffisance cardiaque aiguë (18 à 24 %),
l'exacerbation de Bronchopneumopathie Chronique obstructive (BPCO) (16 à 18 %), l'asthme
aigu (10 à 11 %) et l'embolie pulmonaire (1 %). La dyspnée un motif de recours important
à bien des égards pour la Médecine d'Urgence dans tous ses aspects (en régulation
téléphonique et lors de sa prise en charge extra et intra-hospitalière). En effet,
il s'agit d'un motif fréquent de recours aux urgences extra et intra-hospitalières,
la démarche diagnostique est complexe et source d'erreurs et sa mortalité intra-hospitalière
est élevée (5 à 15 %). Les objectifs de ce travail sont d'identifier les patients
les plus sévères dès l'appel aux secours, puis identifier les patients à risque de
traitement inapproprié du diagnostic de leur dyspnée et proposer des outils afin de
réduire ce taux de traitements inappropriés. Afin d'identifier les patients les plus
graves dès l'appel téléphonique, nous avons constitué une cohorte rétrospective de
1387 patients âgés de plus de 15 ans ayant contacté les secours (appel au SAMU) pour
dyspnée du 1er juillet 2019 au 31 décembre 2019 et ayant été admis aux urgences ou
décédés avant leur admission. Deux cent huit (15 %) nécessitaient la mise en place
d'un support respiratoire précoce. Les facteurs prédictifs d'un recours à un support
respiratoire précoce identifiables à l'appel étaient : avoir un traitement de fond
par ß2-mimétique, la polypnée, une incapacité à finir ses phrases, la cyanose, les
sueurs et les troubles de la vigilance. Il semble pertinent de rechercher ses éléments
en régulation médicale afin d'adapter les moyens de secours à engager. Afin d'identifier
les patients a risque de traitement inapproprié du diagnostic de leur dyspnée, nous
avons constitué une cohorte rétrospective de 2123 patients âgés de plus de 15 ans
admis en service d'urgence pour dyspnée du 1er juillet 2019 au 31 décembre 2019. Huit
cent neuf (38 %) avaient un traitement inapproprié au diagnostic final de leur dyspnée,
comparé aux traitements recommandés internationalement. Les facteurs de risque de
traitement inapproprié étaient : un âge de plus de 75 ans, des antécédents cardiaque
ou respiratoires, une SpO2 90 %, une auscultation pulmonaire retrouvant des crépitants
bilatéraux, un foyer de crépitants ou des sibilants. Cette population doit faire l'objet
d'études ultérieures afin de diminuer le taux de traitements inappropriés. Nous avons
également étudié les performances diagnostique de l'échographie pleuropulmonaire (EPP)
dans le diagnostic précoce de patients âgés (plus de 65 ans) admis en service d'urgence
pour dyspnée. La cohorte, prospective, était composée de 116 patients. Les performances
de l'EPP, disponible immédiatement au lit du patient, étaient comparables à la stratégie
habituelle (comportant examen clinique et résultats biologiques) disponible à 2 heures,
pour le diagnostic d'insuffisance cardiaque et de pneumopathie. L'utilisation de l'EPP
devrait permettre d'approcher le diagnostic final de façon précoce et peut être diminuer
le traitement inapproprié. Nous proposons un protocole de recherche à venir sur cette
thématique. La dyspnée représente un défi de prise en charge pour la Médecine d'Urgence.
Les travaux menés et à venir devraient nous permettre d'optimiser les prises en charge
pré et intra-hospitalières.;