Description : Introduction : malgré une littérature internationale abondante sur les liens entre
psychiatrie et nutrition, les données entre facteurs nutritionnels essentiels (vitamines,
acides gras polyinsaturés ou AGPI, certains acides aminés et oligo-éléments), et schizophrénie
sont disparates. Il est difficile de savoir quels facteurs diffèrent de la normale,
à quels symptômes ils s’associent et si leur supplémentation apporte un bénéfice clinique.
Méthodes : pour y répondre, une revue de la littérature, conforme au modèle neurodéveloppemental
de la schizophrénie, a été menée sur 3 bases de données (PubMed, EMBASE, Cochrane
Library). La revue systématique chez les sujets à Ultra Haut Risque de transition
psychotique (UHR) et les Premiers Episodes Psychotiques (PEP) a identifié 52 articles
(UHR 478, PEP 1642, témoins 1445). La revue narrative des méta-analyses récentes,
dans les multiples épisodes du spectre de la schizophrénie (MESS), en a regroupé 13.
Résultats : chez les UHR, les AGPI oméga 3 ont réduit les taux de transition psychotique
dans 2 études, sans réplication ultérieure des résultats. Ils ont amélioré les symptômes
et la tolérance des antipsychotiques des PEP sur 2 études ; contre un effet modeste
chez les MESS. Par rapport aux sujets sains, le taux de vitamine B9 est plus bas chez
les PEP et les MESS ; sa supplémentation diminue les symptômes négatifs chez ces derniers.
Celui de vitamine D est négativement associé aux symptômes négatifs et dépressifs
des PEP ; il est diminué chez les MESS. Dans cette même catégorie de patients : sélénium,
zinc et fer sérique (notamment en cas d’akathisie) étaient réduits. La prise de zinc
diminuait leurs symptômes cliniques dans un essai de faible puissance. Si l’apport
de vitamine B6, sachant leur situation déficitaire vis-à-vis de contrôles sains, n’agissait
pas sur les symptômes schizophréniques, sa forme activée (Pyridoxal-5-Phosphate) abaissait
les scores de dyskinésie tardive. La vitamine E en diminuait les taux d’aggravation.
Conclusion : à défaut d’émettre des recommandations formelles devant l’hétérogénéité
des études et les difficultés d’en contrôler les biais, la promotion d’une alimentation
équilibrée et diversifiée permettant des apports suffisants en micronutriments, demeure
plus que jamais nécessaire avant d’entrevoir l’éventualité d’une stratégie de supplémentation.;