Description : Le jeûne est une pratique très ancienne, et semble connaître un regain de popularité
ces dernières années. Bien qu'elle puisse être pratiquée dans une démarche de soin,
elle n'est toutefois pas encadrée sur le plan médical en France. Les patients jeûnent
alors le plus souvent seuls ou se tournent vers des structures non médicalisées. Mieux
comprendre les attentes de ces patients semble être un préalable indispensable afin
d'améliorer notre proximité et notre prise en charge auprès d'eux en médecine générale.
Étude à méthodologie qualitative par 17 entretiens semi-dirigés auprès d'adultes pratiquant
une forme de jeûne à visée thérapeutique (continu ou non). Les attentes envers la
médecine générale des personnes pratiquant le jeûne à visée thérapeutique correspondaient
sensiblement aux compétences enseignées en faculté de médecine, à savoir une approche
centrée sur le patient, avec davantage d'ouverture et de communication. Les participants
réclament plus de conseils en nutrition. Ils souhaitent une médecine tournée vers
la prévention primaire et voient dans le jeûne un bon moyen d'y accéder. Ils considèrent
que les pratiques de soins non conventionnelles sont complémentaires de la médecine
dite classique et suggèrent une médecine plus intégrative. À travers le jeûne, les
patients peuvent exprimer le souhait d'être plus actif dans leurs soins. Ils sont
aussi en quête d'une approche toujours plus personnalisée. Leur tendance à s'éloigner
de la médecine conventionnelle implique des risques. Le médecin généraliste doit tenir
une place de choix pour accompagner leur démarche, tant pour garantir la sécurité
des soins que pour leur apporter des conseils et des connaissances. Nous, médecins,
semblons tenir une position hybride délicate quant au jeûne thérapeutique, partagés
entre croyance en l'évidence based medecine et croyance envers nos propres patients.
Nous nous devons de rationaliser certaines pratiques en s'appuyant sur les données
actuelles de la science. Nous devons aussi favoriser le développement de protocoles
de recherche qui pourraient mieux convenir à l'analyse du jeûne thérapeutique. Il
paraît en effet difficile d'effectuer des études interventionnelles classiques sur
le domaine du jeûne. Il convient d'abord de bien définir ce qu'est le jeûne thérapeutique,
et de pourquoi pas ensuite intégrer aux INM certains types de jeûne, pour certaines
indications. Nous pourrions imaginer un protocole de suivi mis en place en médecine
générale. Et ce afin de mieux préciser au corps médical et aux patients la place du
jeûne et de ses potentielles vertus thérapeutiques.;