Description : En France, les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent la première cause
médicale des avis d’inaptitude au poste de travail émis par les médecins du travail.
Objectif : l’objectif principal est de décrire les différents TMS à l’origine des
inaptitudes médicales définitives au poste de travail. Méthode : une enquête multicentrique
transversale a été conduite en 2017 auprès de 323 médecins des services interentreprises
en santé au travail volontaires de la région Sud de la France assurant le suivi médical
de 453 225 salariés. Les TMS pour lesquelles les salariés ont été déclarés médicalement
inaptes à leur poste ont été codées selon la nomenclature CIM-10. L’imputabilité des
TMS aux conditions de travail a été estimée par chaque médecin volontaire. Les données
stockées sur les serveurs des logiciels « métiers » ont été extraites puis ont fait
l’objet d’analyses statistiques descriptives et comparatives. Résultats : un total
de 148 médecins (45,8 %) a participé à l’étude. Le taux d’incidence de salariés déclarés
inaptes pour tout motif confondu est de 7,75 inaptes pour 1 000 salariés suivis. Représentant
40.3 % (1078 cas) de l’ensemble des motifs d’inaptitude, les TMS concernent davantage
les sujets de sexe féminin (ORaj 1,42 [1,20-1.68]) et augmentent avec l’âge (ORaj
6,42 [4,4-6,60] pour les plus de 55 ans). Les TMS les plus fréquents se répartissent
en 488 (45,4 %) cas de dorsopathies, 237 (22,0 %) cas d’affection des tissus mous
et 157 (14.6%) cas d’arthropathie. Pour ces trois types de TMS, une origine professionnelle
a été mentionnée dans respectivement 282 (44.3 %), 169 (26.6 %), 55 (8.6 %) des cas.
Parmi les 638 (44.6%) cas de TMS liés à une origine professionnelle, les salariés
inaptes du secteur de la construction sont significativement plus nombreux (ORaj
1,81 [1,25-2,61]) alors que ceux des activités financières et d’assurance (ORaj 0,21
[0,08-0,58]) et des activités immobilières (ORaj 0,24 [0,08-0,78]) le sont moins.
Conclusion : les dorsopathies représentent les TMS les plus fréquemment responsables
d’une inaptitude à l’emploi. La moitié d’entre elles ont été rapportées à une origine
professionnelle, l’amélioration des mesures de prévention sont à entreprendre en priorité
dans les secteurs les plus concernés.;