Description : Introduction : La téléconsultation, définie par un acte de consultation à distance
d'un patient, est un acte de télémédecine remboursé par l'assurance maladie depuis
septembre 2018, mais elle était peu utilisée jusqu'à présent en France. Les problèmes
techniques et l'absence d'examen clinique sont les freins principaux retrouvés dans
la littérature, tandis que son accessibilité dans les endroits isolés et les avantages
retrouvés par le patient semblent être des points positifs. La pandémie de Covid19
a eu pour conséquence une augmentation du recours à la téléconsultation, l'objectif
de ce travail est donc de savoir comment les médecins généralistes français ont intégré
la téléconsultation à leur pratique quotidienne suite à l'émergence du Covid19. Matériel
et méthode : Une étude qualitative descriptive observationnelle a été menée par la
réalisation d'entretiens individuels semi-dirigés auprès de médecins généralistes
de toute la France, du 21 janvier au 9 juin 2021. Les entretiens réalisés jusqu'à
saturation des données ont été enregistrés sur ordinateur, retranscrits mot à mot
sur un logiciel de traitement de texte. La lecture progressive a ensuite permis de
mettre en évidence plusieurs thèmes dans lesquels des extraits de verbatim ont pu
être relevés puis classés. Résultats : Dix-sept entretiens ont été conservés sur les
dix-huit réalisés. Onze des médecins interrogés réalisaient encore des téléconsultations
au moment de l'étude, ils avaient presque tous débuté avec le Covid, et six n'en faisaient
plus ou n'en avaient jamais fait. Les participants avaient plutôt des représentations
négatives de la téléconsultation avant de l'utiliser. Cette étude a montré que l'absence
d'examen clinique n'est finalement pas un frein, l'interrogatoire seul est parfois
suffisant, et une consultation en présentiel peut toujours venir s'ajouter si nécessaire.
Les médecins y ont donc finalement trouvé un intérêt. La téléconsultation n'est pas
adaptée pour tous les motifs, et concerne plutôt le Covid, l'administratif, le renouvellement
de traitement de patients jeunes et en bonne santé, la psychiatrie, des pathologies
aiguës et non graves courantes en médecine générale, la dermatologie, la prévention,
le conseil, l'information, la réponse à des questionnements sur des résultats d'examen.
L'organisation des médecins est variable concernant l'intégration de la téléconsultation
dans leur activité, que ce soit au niveau de la prise de rendez-vous, des horaires
ou encore du paiement. Il n'y a pas d'impact sur les visites. Les conseils téléphoniques
sont parfois basculés en téléconsultations. Les difficultés techniques sont toujours
mentionnées. Le coût peut également être un point négatif : faire payer la téléconsultation
entraîne parfois une gêne pour le médecin mais cette rémunération et le cadre règlementaire
dans lequel elle intervient sont aussi considérés comme un point positif. Enfin l'outil
s'avère satisfaisant et plébiscité en ce qu'il permet d'assurer une meilleure continuité
des soins, il n'a pas d'impact sur la relation avec les patients qui semblent en être
satisfaits. Conclusion : Ces résultats montrent que la téléconsultation semble pouvoir
devenir un outil pertinent si son usage est réfléchi et adapté à la pratique et aux
besoins. Son utilisation semble être une piste parmi d'autres pour lutter contre les
déserts médicaux, avec notamment celle de la téléconsultation assistée. Elle soulève
un questionnement sur la place et la valorisation de l'expertise médicale et des compétences
du médecin, ainsi que sur la rémunération à l'acte. Elle participe au changement de
paradigme dans un contexte d'évolution de l'organisation du système de santé ambulatoire.;