Description : L’antibiorésistance représente une grave menace pour la santé publique. D’ici 2050,
la résistance des agents infectieux aux antimicrobiens, dont l’antibiorésistance,
pourrait être la première cause de mortalité avec 10 millions de décès par an. La
France est l’un des pays les plus consommateurs d’antibiotiques d’Europe. La majorité
des antibiotiques utilisés en médecine humaine sont prescrits en ville. Les objectifs
de ce travail étaient : 1) d’explorer les pratiques autour des antibiotiques et les
stratégies susceptibles de les améliorer et 2) d’évaluer des interventions visant
à promouvoir leur bon usage en soins primaires. Il ciblait trois acteurs incontournables
de l’usage des antibiotiques en ville : le médecin généraliste qui prescrit, le pharmacien
d’officine qui délivre et le patient qui utilise. L’exploration des connaissances,
perceptions et pratiques des patients a montré que le concept de l’antibiorésistance
était encore mal compris. Bien qu’ils aient acquis que les antibiotiques n’étaient
pas efficaces en cas d’infections virales, des symptômes sévères et prolongés signalaient
pour eux, immanquablement, l’origine bactérienne de la maladie et donc justifiaient
une prescription d’antibiotique. La prescription était alors perçue comme une reconnaissance
de la souffrance et une validation de la maladie. Les pharmaciens d'officine, eux,
se considéraient comme les gardiens du bon usage des médicaments. Ils se sentaient
prêts à avoir plus de responsabilités dans le cadre du bon usage des antibiotiques,
la réalisation de ces nouvelles missions dépendait des relations avec les médecins
généralistes de proximité. Antibio’Malin est un site internet qui a été développé
pour sensibiliser et informer le grand public sur les antibiotiques, les infections
courantes et faciliter la discussion avec les professionnels de santé. Le site répondait
à un besoin dans le domaine de la e-santé. Il avait été perçu comme un outil de référenc
e à la fois par les patients et les professionnels de santé. Trois outils ont enfin
été testés auprès de médecins généralistes pour les aider à diminuer les prescriptions
inutiles d’antibiotiques en éduquant leurs patients. La charte d’engagement a bien
été affichée en salle d’attente mais a eu peu d’impact sur le médecin généraliste.
Les patients pensaient que la fiche support à la prescription d’antibiotiques était
un bon outil pour sensibiliser les patients au bon usage des antibiotiques mais les
médecins l’avaient peu utilisé car trop redondante avec les propos tenus lors de la
consultation. L’ordonnance de non-prescription a été le document le plus apprécié
par les patients et les médecins. En conclusion, ces résultats soulignent l’importance
du trio médecin-pharmacien-patient dans la lutte contre l’antibiorésistance. La responsabilisation
de chacun de ces acteurs et l’amélioration de leur collaboration apparaissent comme
essentielles pour améliorer l’usage des antibiotiques.;