Description : CONTEXTE : L’alcool est un problème de santé publique majeur en France (41 000 décès
sont attribuables à l’alcool en 2015). Alors que la consommation globale d’alcool
diminue depuis les années 60, celle des femmes augmente. La consommation d’alcool
chez la femme est plus nocive que chez l’homme et du fait d’une stigmatisation plus
importante, les femmes consultent peu pour ce motif. Les médecins généralistes étant
les médecins de premier recours pour le repérage d’un trouble de l’usage d’alcool
: Comment les femmes alcoolodépendantes souhaitent voir aborder leur problème par
leur médecin généraliste ? OBJECTIF : L’objectif principal de ce travail est d’évaluer
la perception des femmes sur le repérage du trouble de l’usage d’alcool par leur médecin
généraliste. MÉTHODE : Il s’agit d’une étude qualitative basée sur l’analyse d’entretiens
individuels réalisés entre le 1er mars et le 21 avril 2021 à partir d’un guide d’entretien
semi-directif et évolutif, auprès de 18 femmes alcoolo-dépendantes hospitalisées pour
sevrages ou suivies en consultation d’addictologie au CHU de Montpellier. RÉSULTATS
: Selon les femmes interrogées dans cette étude, les médecins généralistes peuvent
avoir une relation privilégiée avec leur patiente et semblent, en tant que médecin
de premier recours, être les acteurs majeurs du repérage de la maladie d’alcool. Ce
repérage est malgré tout rarement effectué puisque ce sont majoritairement les patientes
qui abordent le sujet. Le repérage précoce de la maladie d’alcool est majoritairement
perçu comme bénéfique mais jugé comme difficile et insuffisant notamment du fait de
nombreux freins liés aux patientes mais aussi vis à vis des médecins. Les freins liés
aux patientes (tels que la honte, le tabou, la consommation cachée, ...) sont particulières
au trouble de l’usage d’alcool chez la femme. Bien que les patientes interrogées aient
conscience du rôle de leur propre motivation dans la démarche de soin, elles ont de
nombreuses attentes vis à vis de leur médecin généraliste dans sa manière d’aborder
l’alcool. Ces attentes peuvent être des pistes d’amélioration au repérage (se sentir
en confiance, avoir un médecin disponible, formé et à l’écoute, être informé/questionné).
CONCLUSION : Le repérage précoce du trouble de l’usage d’alcool par les médecins généralistes
est jugé comme insuffisant par la majorité des patientes interrogées. Elles décrivent
de nombreuses attentes vis à vis du médecin généraliste dans sa manière d’aborder
la maladie d’alcool, qui se rapprochent d’outils déjà existants comme le RPIB ou l’EM.
Ces pistes d’amélioration du repérage sont dépendantes de la formation et de la disponibilité
des médecins.;