Description : Contexte : de plus en plus de médecins généralistes effectuent le suivi gynécologique
de leurs patientes. Nombreuses sont les femmes désireuses de parler de sujets ou symptômes
liés à leur intimité en consultation gynécologique. Mais souvent, par pudeur, elles
n’osent pas les évoquer. Elles préfèreraient que ce soit le médecin qui les aborde
en premier afin de faciliter la discussion. Une liste a été établie reprenant douze
symptômes ou sujets gynécologiques considérés comme tabous : l’incontinence urinaire,
l’incontinence fécale, le prolapsus, la constipation chronique, la prévention du périnée,
les méno-métrorragies, les dysménorrhées, les symptômes d’atrophie vulvo-vaginale,
la dyspareunie, la sexualité, les violences sexuelles et les violences conjugales.
Objectif : décrire dans quelle proportion les médecins généralistes recherchent spontanément
ces symptômes et sujets gynécologiques tabous lors de leur interrogatoire de consultation
de suivi gynécologique (hors suivi de grossesse). Matériel et méthode : réalisation
de notre propre base de données référençant tous les médecins généralistes du Gard
qui font du suivi gynécologique. Envoi personnalisé d’un questionnaire à chacun d’entre
eux. Étude quantitative avec analyse descriptive et analyse bivariée. Résultats :
55,4 % des médecins généralistes ayant reçu le questionnaire y ont répondu. Les MG
interrogent leurs patientes sur les symptômes et sujets évoqués précédemment de manière
très variable d’une thématique à l’autre. Les violences conjugales et sexuelles sont
les deux sujets les moins abordés spontanément. Pour certains sujets tabous, les résultats
de l’analyse bivariée sont en faveur d’un dépistage actif plus fréquent chez les MG
qui font plus de 10 consultations gynécologiques par semaine et/ou chez ceux ayant
validé un DIU de gynécologie. Pour d’autres sujets il n’a pas été mis en évidence
de différence significative. La plupart des MG (88 %) rapportent au moins un frein
qui les limite dans leur interrogatoire avec en premières causes un manque de temps
et une pudeur à aborder ces sujets. Conclusion : cette thèse dresse un premier constat
de la réalité à propos des sujets tabous en gynécologie. Elle propose aussi des pistes
afin d’améliorer la conduite de la consultation gynécologique et la prise en charge
de la santé des femmes. Le changement se fera progressivement, impliquant également
une libération de la parole des femmes et une prise de conscience plus importante
de la part des médecins.;