Description : Introduction / Objectifs En France, le taux de césarienne a doublé en 20 ans et depuis
2003 il s’est stabilisé autour de 21%. L’objectif de cette étude est de comprendre
cette spécificité française en explorant les thèmes suivants : la perception et le
vécu de cette voie d’accouchement, ainsi que l’existence ou non d’une demande de césarienne
de la part des femmes. Matériel et méthodes 26 entretiens qualitatifs semi-directifs
ont été menés à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris, auprès de 7 patientes en
fin de grossesse et 19 patientes ayant accouché par césarienne. Ces entretiens ont
été analysés par thématique après avoir été retranscrits. Résultats Il ressort des
entretiens que la césarienne est majoritairement perçue par les femmes comme une solution
de dernier recours. Elle peut entraver l’estime de la femme, qui se sent incapable
de mettre au monde son enfant sans aide médicale. Elle impacte également la qualité
de la relation entre la mère et son enfant, notamment à cause du temps de séparation,
bien que cela soit compensé par le moment privilégié offert au père à ce moment-là.
Certaines femmes voient la césarienne comme un moyen d’échapper aux douleurs de l’accouchement
par voie basse, d’autres la perçoivent comme plus douloureuse. Certaines patientes
vivent sereinement leur césarienne, notamment quand elles ont y été préparées en cours
de préparation à l’accouchement. Elles reconnaissent être ambivalentes, à la fois
conscientes de l’importance d’être préparées à cette éventualité mais considèrent
ce thème comme anxiogène et ne souhaitent pas nécessairement plus de détails durant
ces séances. Quant à la sexualité, il semble que ce facteur influence peu l’image
que les femmes se font de la césarienne en France. Concernant la demande d’une césarienne
à l’initiative des femmes, celle-ci est marginale. Quand elle existe, elle n’est pas
assumée par les couples. La patiente craint d’être jugée par le corps médical et que
le suivi de sa grossesse en pâtisse. Le niveau de confiance vis-à-vis du corps médical
est tel que la majorité des patientes adhère à la recommandation du médecin qui selon
elles, a la compétence nécessaire pour choisir la voie d’accouchement. Cependant,
elles veulent être impliquées dans la décision, mais il s’agit là plus d’un élément
de forme que de fond. Deux éléments clés semblent permettre à la femme de bien vivre
la césarienne : l’attitude bienveillante de l’équipe médicale pendant l’intervention
chirurgicale, ainsi que la présence du père. Conclusion En France, les femmes préfèrent
majoritairement accoucher par voie basse plutôt que par césarienne. Le corps médical
bénéficie d’un véritable « capital confiance » de la part des patientes. L’attitude
des soignants, en France, fait donc office de rempart face à une demande émergente
de césarienne. Afin que les femmes puissent la vivre comme un accouchement et non
pas uniquement comme un acte chirurgical, il serait judicieux que tous les acteurs
de la périnatalité se réunissent pour réfléchir à humaniser davantage cet acte chirurgical.;