Description : Les troubles du sommeil sont un motif fréquent de consultation en soins primaires.
L'alcool est largement utilisé comme une aide au sommeil. Cette revue avec méta-analyse
a pour but de caractériser les modifications du sommeil après une consommation aigüe
d'alcool chez des adultes sains. L'hypothèse étant que l'alcool altère la qualité
et l'architecture du sommeil, dès une faible dose. Suivant les guidelines PRISMA,
nous avons collecté des essais contrôlés, reportant les polysomnographies de sujets
sains (18 et 45 ans) après administration d'une dose d'alcool avant le coucher. Les
résultats ont été reportés en cinq groupes (nuit totale, 1ère et 2ème partie de nuit,
chez les hommes, chez les femmes) et trois sous-groupes (dose faible, modérée ou importante
d'alcool). Douze essais cliniques croisés et contrôlés ont été inclus portant la population
à 245 participants. Après une dose importante d'alcool on observe : sur la nuit totale
une diminution du temps de sommeil, de la latence d'endormissement, du sommeil REM
(-3,15% -4,31 ; -1,99 p 0,01), contre une majoration du Sommeil Lent Profond (1,49%
0,04 ; 2,94 p 0,05), et du temps d'éveil nocturne. En 1ère partie de nuit : une diminution
du sommeil REM. En 2ème partie de nuit : une diminution de l'efficacité du sommeil
contre une majoration du stade 1 et du nombre de réveils nocturnes. Chez les hommes,
sur toute la nuit, on n'observe pas de majoration du temps d'éveil nocturne. Pour
une dose importante, de 4 à 6 verres standards pour un individu de 60kg, l'alcool
a un effet biphasique sur l'architecture et la qualité du sommeil. En première partie
de nuit, l'alcool est un « promoteur » du sommeil. En deuxième partie de nuit, l'alcool
est un « perturbateur » du sommeil. Par une relation bidirectionnelle, la présence
de troubles du sommeil à type d'insomnie et/ou la consommation ponctuelle d'alcool
peut conduire à une chronicisation d'un mésusage de l'alcool ou d'une insomnie par
un phénomène de tolérance. Une information et prise en charge précoce peut prévenir
l'escalade de la consommation vers la chronicisation. Aucun effet n'a été retrouvé
après une dose faible ou modérée d'alcool. La relation entre consommation d'alcool
et perturbation du sommeil est étroite. En soins primaires, cette relation mérite
qu'une évaluation de la quantité ou du comportement de l'usage de l'alcool soit faite
chez un patient consultant pour trouble du sommeil. Dépister un usage à risque de
l'alcool et apporter une information adaptée quant au risque de chronicisation nécessite
une consultation dédiée. Concernant la consommation à dose faible ou modérée, ou «
sociale », plus d'études doivent être menées pour caractériser son impact sur le sommeil
et la survenue d'une tolérance;