Modélisation dynamique des infections et co-infections génitales à papillomavirus
humain (HPV) et de l’impact à long terme de la vaccination anti-HPV - CISMeF
Modélisation dynamique des infections et co-infections génitales à papillomavirus
humain (HPV) et de l’impact à long terme de la vaccination anti-HPVDocument
Titre : Modélisation dynamique des infections et co-infections génitales à papillomavirus
humain (HPV) et de l’impact à long terme de la vaccination anti-HPV;
Description : L’infection génitale au papillomavirus humain (HPV) concerne près d’un tiers des moins
de 25 ans dès le début de leur activité sexuelle. Généralement asymptomatique, elle
peut conduire au développement de lésions cancéreuses. Parmi la quarantaine de génotypes
HPV transmis par les voies génitales, une quinzaine a été évaluée comme oncogène et
agent causal du cancer du col de l’utérus. Deux vaccins proposés en France depuis
2007 aux jeunes filles ciblent deux génotypes HPV les plus à risque de cancer du col
de l’utérus. Ces vaccins n’incluant qu’une fraction des HPV, l’évolution des prévalences
d’infection et de co-infection reste incertaine. L’objectif de ce travail de thèse
est de mieux comprendre l’impact des interactions entre génotypes HPV lors de co-infections
intra-hôte sur l’évolution des prévalences des génotypes vaccinaux (V) et non vaccinaux
(NV). Pour y répondre, ce travail s’appuie sur le développement d’un modèle individu-centré
permettant de reproduire à la fois l’hétérogénéité des comportements sexuels et les
dynamiques de transmission de génotypes V et NV en fonction de l’âge. Une première
partie présente une description détaillée de ce modèle stochastique et de sa validation
sur des données d’enquêtes. Ce modèle suppose que l’interaction entre génotypes se
traduit par la réduction (compétition) ou la prolongation (synergie) de la durée d’infection
par un génotype NV en cas d’infection préalable par un génotype V. La calibration
des paramètres de transmission pour différentes forces d’interaction montre que plusieurs
d’entre elles sont compatibles avec les données épidémiologiques pré-vaccinales d’infection
et de co-infection. Dans les simulations, après introduction de la vaccination dans
la population, nous observons que la prévalence des génotypes NV augmente en cas de
compétition et diminue en cas de synergie et ce d’autant plus que l’interaction est
forte. En cas de compétition, l’augmentation de la prévalence des NV pourrait entraîner
une faible diminution voire une augmentation de la prévalence globale de tous les
génotypes malgré la vaccination. La deuxième partie vise à explorer, par une étude
de simulations, comment l’introduction de la vaccination modifie la diffusion de l’infection
dans le réseau de contacts. Les simulations mettent en évidence des variations de
prévalence des génotypes NV avant et après vaccination plus marquées chez les individus
moins actifs. Dans la troisième partie, le modèle est utilisé pour émuler les schémas
d’études épidémiologiques afin de déterminer les conditions (nombre de sujets, délai
après l’introduction du vaccin) nécessaires à la détection d’une diminution ou augmentation
des prévalences de HPV suite à l’introduction de la vaccination dans la population.
Une revue systématique de la littérature fait ressortir deux schémas d’études observationnelles
comparant les prévalences d’infection soit dans deux populations en périodes pré-
et post-vaccinales, soit chez les vaccinés et les non vaccinés en période post-vaccinale.
Les résultats obtenus suggèrent que les études publiées à ce jour quel qu’en soit
le schéma manquent de puissance statistique pour détecter une variation de prévalence
des génotypes NV. S’appuyant sur le développement d’un modèle validé pour reproduire
des comportements sexuels et des prévalences d’infection à HPV réalistes, l’ensemble
de ce travail de thèse participe donc à l’amélioration des connaissances épidémiologiques
sur les infections et co-infections à HPV et permet d’anticiper l’impact des mesures
de prévention vaccinale sur la prévalence de l’infection à HPV.;