Description : Contexte : L’obésité pédiatrique est un important problème de santé publique en France
et dans le monde. Il affecte plus particulièrement les populations précaires au sein
desquelles sa prévalence est en augmentation. L’âge préscolaire est la période d’acquisition
d’habitudes de vie et d’alimentation pendant laquelle les premiers signes de surpoids
peuvent apparaître. C’est aussi à cet âge que sont mises en place les mesures de prévention
précoce du surpoids. Objectif : L’objectif principal de cette étude était d’explorer,
dans un échantillon d’une population issue de milieux défavorisés en Isère et en Savoie,
les perceptions des parents d’enfants âgés de 3 à 6 ans, au sujet du poids de l’enfant
et du risque de surpoids. Méthode : Cette étude a été menée selon une méthodologie
qualitative, basée sur la réalisation d’entretiens semi-dirigés, auprès de parents
d’enfants de tous poids suivis en centre médical d’un quartier prioritaire de la politique
de la ville. Les entretiens étaient enregistrés, retranscrits, puis ont fait l’objet
d’une analyse thématique par méthode inductive avec triangulation des données. Résultats
: Au total, 20 entretiens ont été réalisés. Les parents se basaient sur 2 catégories
de repères pour évaluer le poids de leur enfant : des critères subjectifs (les vêtements,
la comparaison aux autres enfants, l’aspect physique, les références médicales) et
objectifs (le poids, les courbes du carnet de santé). Les parents citaient l’entourage
socio-familial comme étant un élément qui influençait leur évaluation. Il en découlait
une sorte de norme familiale qui pouvait faire pression sur leur jugement. Le surpoids
était considéré comme secondaire à des erreurs d’alimentation, à une sédentarité excessive,
ou à des facteurs émotionnels. Le rôle de la sédentarité liée aux écrans était moins
perçu. Les conséquences du surpoids étaient reconnues comme potentiellement graves,
du fait d’un impact sur la santé et l’estime de soi. Les parents se sentaient responsables
du poids de leur enfant et percevaient la nécessité d’agir pour que l’enfant ait un
poids normal. Ils exprimaient toutefois une certaine difficulté à concilier au quotidien,
les différentes recommandations de prévention du surpoids et le besoin de faire plaisir
à leur enfant et de remplir un rôle nourricier considéré comme essentiel. Conclusion
: Les parents vivant dans des territoires considérés comme socialement défavorisés
disposaient de connaissances concernant le surpoids de l’enfant, ses facteurs de risque
et ses conséquences. Ils avaient plus de mal à juger du poids correct de l’enfant.
Ils subissaient en effet l’influence de l’entourage socio-familial, avaient peur de
la maigreur et craignaient de ne pas nourrir suffisamment leur enfant. Les représentations
parentales liées au poids de l'enfant sont apparues comme un ensemble de données importantes
à rechercher et à prendre en compte lors des consultations médicales centrées sur
le risque de surpoids et d’obésité de l’enfant.;