Description : La chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale est une technique chirurgicale de
première importance pour la prise en charge des patients atteints de carcinoses péritonéales.
Cependant, elle expose les professionnels du bloc opératoire à un risque de contamination
par les anticancéreux. L’analyse de la contamination de l’environnement et des soignants
lors des CHIP n’a fait l’objet que d’une dizaine de publications entre 1980 et 2020.
Au cours de cette thèse, nous avons mis au point et validé une méthode UHPLC-MS/MS
de dosage plasmatique et érythrocytaire de l’irinotécan et de deux de ses métabolites,
le SN-38 et l'APC. Parmi les prélèvements réalisés chez le chirurgien et l’interne
de chirurgie lors des CHIP au CLCC de Caen, une contamination par l’irinotécan a été
identifiée dans 20 des 21 échantillons sanguins, avec des concentrations maximales
de 266 et 257 pg/mL respectivement au niveau plasmatique et érythrocytaire. Parallèlement,
la recherche de contamination par l’oxaliplatine dans les mêmes matrices biologiques
a permis de détecter des ultra-traces de platine de l’ordre d’une dizaine de pg/mL.
Cette étude, unique par le nombre d’échantillons et l’analyse à la fois plasmatique
et érythrocytaire de l’irinotécan et de deux principaux métabolites, fournit des données
importantes pour la détermination d’indicateurs biologiques d’exposition pour les
soignants impliqués en CHIP. Un dosage biologique régulier des anticancéreux devrait
ainsi permettre de suivre les pratiques de manipulation des soignants, le respect
des recommandations et l’efficacité des EPC et EPI. La stratégie de réduction des
risques d’exposition doit également se baser sur un programme de formation par exemple
par la simulation numérique, qui doit contribuer à améliorer le respect des pratiques
de protection, voire à diminuer les valeurs de contamination biologique des soignants.;